Sous une pluie battante, une trentaine d’anciens agents du Samu social gabonais se sont rassemblés ce matin devant leur ancien lieu de travail, non pas pour sauver des vies, mais pour tenter de sauver leur dignité. Licenciés dans des conditions troubles, ils réclament aujourd’hui plus de 26 mois d’arriérés de salaire, dans l’indifférence totale de leur ancien employeur, le très médiatique docteur Wenceslas Yaba.
Le Samu social, une entreprise de charité… sauf pour ses employés
Il est fascinant de constater qu’au Gabon, certaines structures semblent plus aptes à soigner les maux des populations vulnérables qu’à payer leurs propres agents. Le Samu social, censé être une initiative humanitaire, semble exceller dans l’art de transformer ses employés en miséreux. Pendant que le docteur Yaba parcourt le pays, stéthoscope en main et sourire aux caméras, ses anciens collaborateurs, eux, sont laissés pour compte. « Nous avons tout tenté : courriers, rencontres, médiations… Mais le docteur Yaba semble plus préoccupé par ses tournées médicales que par ses dettes sociales », déplore S.M.M., l’un des manifestants.
Le silence assourdissant des autorités
L’affaire n’est pas nouvelle. Depuis 2022, les agents du Samu social tirent la sonnette d’alarme. Mais leur détresse semble résonner dans un vide abyssal. Entre-temps, les subventions publiques et les financements internationaux continuent d’affluer vers cette structure censée être un modèle de solidarité.
Face à cette situation ubuesque, les ex-agents en appellent désormais au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma, et au Premier ministre, Raymond Ndong Sima, espérant qu’ils joueront les urgentistes sociaux. Mais, à Libreville, tout le monde sait qu’il faut souvent plus qu’un cri de détresse pour capter l’attention des hautes sphères.
Un scandale qui dépasse Libreville
Le cas des employés laissés-pour-compte du Samu social n’est pas isolé. Dans plusieurs provinces, notamment à Port-Gentil, d’anciens agents ont déjà manifesté contre ce qu’ils appellent leur « clochardisation ». Ils dénoncent un paradoxe : une structure qui prêche la bienveillance, mais qui abandonne ceux qui l’ont fait fonctionner. L’ironie est à son comble : alors que le Samu social se spécialise dans l’aide aux plus démunis, il crée lui-même de nouveaux précaires. Serait-ce là une stratégie pour élargir sa clientèle ?
La fin d’une imposture ?
Si le docteur Yaba se distingue par son art du silence, les autorités, elles, ne pourront pas indéfiniment fermer les yeux sur ce scandale qui éclabousse l’image du Gabon. Le temps est venu d’agir, car il est difficile de soigner une nation en ignorant ceux qui ont porté la blouse avec dévouement. Le Samu social gabonais veut guérir les autres ? Très bien. Mais il serait peut-être temps qu’il se soigne lui-même.
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