Il avait promis qu’on ne l’y reprendrait plus. Il avait juré que la politique, c’était fini. Et il avait même fait mine de s’éclipser dignement, comme un vieux général usé par les batailles perdues. Pourtant, Ali Bongo Ondimba est de retour dans l’arène. Mais pas pour bâtir, non. Pour détruire ce qui reste encore debout dans le champ de ruines du Parti démocratique gabonais (PDG).
À ce stade, il faut bien appeler les choses par leur nom : c’est une obsession pathologique du contrôle. Le « Distingué Camarade Président », exilé dans une retraite de façade depuis la chute du 30 août 2023, revient, tel un fantôme rancunier, troubler la fragile reconstruction de Blaise Louembet Kouya, l’homme qui tentait pourtant de remettre le PDG sur ses rails.
La retraite façon Bongo : je pars… mais je reste quand même
Chez les Bongo, visiblement, la retraite n’est jamais qu’une ruse. On fait semblant de partir, histoire de voir qui ose occuper le fauteuil. Et dès qu’un prétendant s’y installe, on surgit du couloir pour lui rappeler qui est le « propriétaire ». Ali a beau avoir jeté l’éponge publiquement, il ne supporte pas que d’autres essaient de laver le linge sale à sa place.
La décision du 14 mai 2025, signée de sa main, en dit long sur la supercherie : Ali Bongo destitue Louembet sans ciller, tout en confiant les clés du parti à un secrétaire général qui ne pourra rien faire d’important sans « échange préalable ». Bref, il ne gouverne plus, mais il interdit aux autres de gouverner. Le syndrome du patriarche africain : « même mort, c’est moi qui commande. »
Le PDG : un champ de ruines transformé en terrain de jeu
On croyait que le PDG avait touché le fond après la défaite historique de 2023. Mais Ali a décidé qu’il fallait encore creuser. Louembet, qu’on peut au moins créditer d’avoir essayé de redonner un semblant de cohérence à la vieille machine, se voit brutalement éjecté, remplacé par un intérimaire en laisse courte. Comme si le PDG n’était plus qu’un jouet cassé que son ancien propriétaire refuse de jeter, sous prétexte qu’il lui appartient encore.
Dans l’opinion, les militants oscillent entre le rire et la consternation. Car enfin, que reste-t-il de ce parti ? Des querelles d’héritiers, des décisions vides, et des chefs en exil qui continuent de se battre pour des lambeaux de pouvoir dans un navire à la dérive.
Ali Bongo, l’homme qui ne sait pas quitter la scène
Il faut être clair : ce retour n’a rien d’une stratégie. Il n’a rien d’une vision politique. C’est un pur réflexe d’ego. Un refus d’accepter que l’histoire a tourné la page, sans lui demander son avis. Comme ces chanteurs démodés qui insistent pour revenir sur scène alors que la salle est déjà vide. Ali Bongo avait une occasion unique de se retirer dignement et de laisser ses ex-camarades reconstruire. Il a préféré revenir semer la zizanie et rappeler à tous que, même inutile, il veut rester le chef.
Tragique, car ce spectacle pathétique empêche le PDG d’évoluer. Ridicule, car il illustre ce que le Gabon a toujours refusé d’affronter : nos élites politiques refusent obstinément de lâcher prise, même lorsqu’elles n’ont plus rien à offrir. « Quand on a perdu la couronne, il vaut mieux apprendre à vivre en citoyen que jouer au roi déchu », dit un proverbe fang.
Ali Bongo, hélas, n’a toujours pas compris que le PDG d’hier n’est plus. Et à force de s’accrocher à une coquille vide, il finira par sombrer dans le discrédit total. Comme si la chute d’août 2023 ne lui avait pas suffi à comprendre la leçon. Le PDG n’a plus besoin d’un roi sans royaume. Il a besoin d’un avenir. Malheureusement, Ali Bongo, lui, reste bloqué dans le passé.
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