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Session criminelle à Libreville : pendant un mois, la Cour tournera à plein régime !

IMG L'ouverture de la session criminelle de l’année 2025.

C’est reparti. Ce 15 juillet 2025, la Cour d’appel judiciaire de Libreville a rouvert les rideaux sur la première session criminelle de l’année. Une cérémonie bien huilée, en présence du ministre de la Justice, Dr Séraphin Akuré-Davain, venu  rappeler la volonté de faire appliquer une justice « rigoureuse, équitable et conforme aux textes ». Tout le monde a applaudi. Enfin… presque.

 

Pendant un mois, la Cour va examiner à la chaîne 100 dossiers pour 148 accusés. Des crimes graves : meurtres, assassinats, viols, vols aggravés… On parle de sang, de vies brisées, de drames humains. Mais dans l’immense machine judiciaire gabonaise, ce sont avant tout des dossiers à traiter pour « désengorger » le système judiciaire.

 

À l’audience d’ouverture, la Première présidente de la Cour de Cassation a prévenu que « ce n’est ni un mystère judiciaire ni une scène de théâtre ». Une formule bien trouvée, mais difficile à croire pour qui connaît les coulisses. Car oui, la justice gabonaise ressemble bien à une pièce de théâtre avec ses acteurs, ses figurants, ses répliques apprises et ses jugements expédiés. Une mise en scène qui masque à peine la réalité : des accusés sans réelle défense, des avocats commis d’office débordés, des jurés parfois dépassés et une pression politique toujours présente.

 

Le procureur général Eddy Minang, lui, a souligné la noblesse de l’exercice et rappelé que « c’est ici que se joue l’avenir de plusieurs de nos compatriotes ». Mais de quel avenir parle-t-on ? Quand des accusés passent à la barre comme du bétail sous escorte, qu’ils découvrent leur avocat la veille et que le temps manque pour fouiller des enquêtes bancales, l’avenir ressemble souvent à une loterie judiciaire où la chance vaut mieux que la loi.

 

On promet de juger « avec rigueur » et dans « le respect des droits de la défense ». Pourtant, les spécialistes du droit savent que derrière ces grands mots, la justice criminelle gabonaise piétine encore ses propres principes. Elle est rapide quand il s’agit de punir les petits, mais d’une lenteur bureaucratique pour poursuivre les puissants. Elle se veut exemplaire dans ses discours, mais incapable d’offrir aux accusés une véritable égalité des armes face à l’accusation.

 

Et puis, il y a ces chiffres qui donnent le vertige : 9 assassinats, 10 coups mortels, 11 meurtres et 35 vols qualifiés. Autant dire une société malade, où la violence prolifère et où la justice arrive trop tard, sans prévenir ni corriger les causes.

 

Pendant un mois, la Cour tournera à plein régime. Du lundi au samedi, matin et soir, même les jours fériés. C’est dire la frénésie. Mais on se demande toujours si elle rendra véritablement la justice… ou si elle se contentera, comme trop souvent, de distribuer des peines comme on tamponne des dossiers.

 

Car dans ce grand théâtre judiciaire, une chose reste certaine : les vrais drames ne se jouent pas toujours dans la salle d’audience, mais dans les silences de ceux qui espéraient une justice juste… et n’y ont vu qu’un spectacle.

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