À Africa Rail, on ne transporte plus des marchandises. On expédie désormais les employés. En colis jetables. La dernière trouvaille de la direction ? Licencier 102 travailleurs comme on jette les invendus d’un supermarché, avec pour seul justificatif : « motif économique ». Traduisez : on n’a plus d’argent, mais surtout plus de scrupules.
Ce carnage administratif a été orchestré par un certain Jeffrey Ngou Mbo, Directeur général d’une entreprise qui aurait manifestement décroché un doctorat en violation du Code du travail. Dialogue social ? Jamais entendu parler. Représentants du personnel ? Portés disparus. Inspection du travail ? Invisible comme une promesse électorale après les élections.
La République des Droits suspendus
Dans un pays qui se targue désormais d’être la Vème République, on aurait espéré un sursaut. Un tweet. Un communiqué. Une indignation feinte, à défaut d'une action réelle. Mais non. Rien. Silence radio. Pendant que 102 familles sont envoyées au tapis, l'État regarde ailleurs, sans doute occupé à organiser une nouvelle conférence sur la lutte contre le chômage. Ironique, non ? Ces Gabonais avaient un emploi, rare joyau dans l’économie nationale. Ils en avaient presque oublié qu’ils étaient remplaçables. Africa Rail les a rappelés à l’ordre : vous êtes des chiffres, pas des citoyens.
Une précarité planifiée
Le plan d’indemnisation ? Un chef-d’œuvre de mépris : étalé jusqu’en 2030, pour des sommes qui feraient rire un stagiaire. Quant aux congés techniques, ils ont disparu dans un tour de passe-passe digne d’un magicien de pacotille : on antidate les licenciements, et hop ! plus rien à payer. La magie d’Africa Rail, c’est qu’on transforme des droits en dettes et des travailleurs en sans-voix. Des pères de famille bloqués à Libreville, sans salaire, sans billet retour, sans même une main tendue. Et certains osent encore parler de "responsabilité sociale de l’entreprise"...
Gouvernement, où es-tu ?
La grande question est là : la Vème République va-t-elle défendre ces Gabonais qui, ô sacrilège, avaient un emploi ? Ou va-t-elle laisser Africa Rail poser les rails d’un nouveau modèle social : la jungle ?
Car oui, repartir à la maison dans ces conditions, c’est un massacre économique, un enterrement collectif sans cercueil. C’est dire à ces 102 Gabonais : "merci d’avoir servi, mais la République a d’autres priorités".
Et nous, pauvres scribouillards du dimanche, n’avons qu’un seul espoir : que ce pays se souvienne que le Code du travail n’est pas un vieux manuel de décoration intérieure, mais un texte qui engage l’État, les entreprises et la dignité humaine. Africa Rail a déraillé. Reste à savoir si le gouvernement compte réparer les voies, ou juste observer l’accident, les bras croisés, depuis la première classe. À bon entendeur…
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