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Politique

Le PDG version Onanga dégaine pour sauver les Bongo

IMG Ali Akbar Onanga Y’Obégué en mission de sauvetage des Bongo-Valentin.

Dans une ambiance déjà survoltée, la politique gabonaise vient de connaître une nouvelle flambée. Et pas des moindres : l’aile dissidente du Parti démocratique gabonais (PDG), menée par Ali Akbar Onanga Y’Obégué, a publié un véritable brûlot contre le régime de Transition de Brice Clotaire Oligui Nguema. Avec un style et une vigueur qui rappellent à quel point le PDG sait manier la mauvaise foi quand ses intérêts sont menacés.

 

Oui, cette fois ce n’est pas pour défendre la patrie, ni même pour réfléchir à la justice transitionnelle. Non. C’est pour voler au secours… de la famille Bongo, présentée désormais comme un trio de martyrs victimes d’un « système mafieux » et d’« une entreprise criminelle ». On croirait lire un polar de seconde zone sauf qu’ici, c’est la vie d’un pays qui est en jeu.

 

Les Bongo victimes ? La révisionnisme express d’Onanga

Ali Bongo, sa femme Sylvia et leur fils Noureddin ont été décrits, dans un communiqué transmis avec tambours et trompettes à la presse internationale, comme des « prisonniers politiques », des victimes d’« extorsion », de « torture » et d’« arbitraire » aux mains des militaires.

« Tout n’était qu’une mise en scène pour légitimer un coup d’État », a martelé Onanga Y’Obégué, sans ciller. Comme si 56 ans de gestion clanique, de privatisation de l’État, d’élections truquées et de prédation organisée n’étaient qu’un vague malentendu. Les mêmes qui hier nous parlaient d’« émergence » pleurent aujourd’hui sur le « droit des victimes ».

Le texte publié ce week-end ne fait pas dans la dentelle. La Transition est accusée de mensonge, de peur, de brutalité, d’instrumentalisation de la justice et même de « crimes contre l’humanité ». La juge Leila Ayombo est qualifiée de « victime collatérale » d’un « système de pression ». En clair, tout le monde est victime, sauf les Bongo. Même leurs partisans.

 

Une telle véhémence aurait pu prêter à sourire si elle ne trahissait pas une réalité plus profonde : le PDG est aujourd’hui un parti en charpie, déchiré entre ceux qui, par réalisme ou opportunisme, se sont ralliés à Oligui, et ceux, comme Onanga, qui préfèrent rejouer la partition du martyrisme et de la nostalgie bongoïste.

La morale flexible d’un PDG à géométrie variable

Onanga et ses compagnons appellent à la création d’une commission d’enquête internationale, à la saisine de la CPI et à la libération immédiate des « détenus politiques ». Que de principes, soudainement retrouvés, après des décennies où ces mêmes hommes furent silencieux, voire complices, face aux pires abus du pouvoir !

Soudainement, le PDG Onanga découvre les mots « justice », « indépendance de la magistrature », « dignité des détenus », « transparence des biens saisis »… des concepts qu’ils avaient eux-mêmes systématiquement bafoués lorsque leur clan était aux commandes.

Derrière cette offensive juridique et médiatique, la stratégie est limpide : fragiliser la Transition sur la scène internationale, remobiliser la frange la plus fidèle du PDG et préparer un éventuel retour des Bongo dans le jeu politique. Quitte à incendier encore davantage un pays déjà meurtri.

 

Quand le pompier pyromane joue les vertueux

Le PDG version Onanga donne une énième illustration d’une élite incapable d’assumer ses responsabilités historiques, mais toujours prête à travestir la réalité pour protéger ses privilèges. En s’érigeant en défenseur des victimes, il oublie que le Gabon est victime, lui aussi, d’un demi-siècle de bongoïsme.

 

Brice Oligui, de son côté, devra répondre aux accusations graves de manipulation de la justice. Mais que les héritiers d’un système corrompu s’érigent en procureurs sent tout de même le cynisme d’un mauvais théâtre. Comme disait feu un diplomate français : « En Afrique centrale, le problème n’est pas d’éteindre l’incendie. C’est de convaincre les pyromanes d’arrêter de jouer aux pompiers. »

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