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13 300 membres regroupés dans 50 groupes WhatsApp et Facebook : quand le proxénétisme entre dans l’ère du numérique

IMG Le groupe démantelé par la Police judiciaire.

Libreville innove. Après les marchés de Ndendé qui fixent le prix du manioc, voici les réseaux sociaux qui régulent le tarif du « plaisir tarifé ». Et attention, on ne parle pas ici de deux ou trois numéros griffonnés sur un bout de papier dans un bar douteux. Non. On parle de 13 300 membres, regroupés dans 50 groupes WhatsApp et Facebook, sous la direction éclairée de 66 administrateurs un chiffre digne d’un congrès d’actionnaires.

 

Les « prestations », appelons-les ainsi, se négocient entre 20 000 et 30 000 francs CFA. Le business model ? Simplissime : l’intermédiaire encaisse 8 000 francs par transaction, la « prestataire » repart avec 12 000 francs, et le client avec… ce qu’il est venu chercher. Pas de TVA, pas de déclaration d’impôt, mais un rendement net qui ferait pâlir certains PME du BTP.

 

Les hôtels et boîtes de nuit : partenaires stratégiques

Officiellement, ces établissements sont là pour « soutenir l’économie locale ». Officieusement, ils offrent le cadre parfait pour que l’offre rencontre la demande, le tout dans une ambiance climatisée, avec parfois un DJ pour rythmer l’attente.

 

Il paraît même que certains managers d’hôtel se plaignent… non pas du proxénétisme, mais du fait que les administrateurs de groupes gardent trop de marge. Comme quoi, dans ce secteur, la solidarité entrepreneuriale a aussi ses limites.

 

Les jeunes femmes arrêtées ont expliqué que la pauvreté et le chômage les avaient poussées là. C’est vrai qu’à Libreville, un CDD payé au SMIG, c’est 150 000 francs par mois… alors qu’ici, cinq clients suffisent à atteindre le même revenu. Et sans entretien d’embauche humiliant. Résultat : les proxénètes n’ont même pas besoin de faire de campagne de recrutement. La misère se charge elle-même de fournir la main-d’œuvre.

 

Dans la zone des Charbonnages, un bar nommé « La Tour de contrôle » a été épinglé pour spectacles érotiques improvisés. On imagine la scène : pas d’atterrissage prévu, mais beaucoup de turbulences. Les clientes, pardon, les danseuses, se voient contraintes de retirer plus que leurs illusions, pour le plaisir d’une clientèle qui, comme toujours, en « demande davantage ».

 

Une traque nationale annoncée

Les autorités promettent de frapper fort. Les coupables risquent jusqu’à 10 ans de prison et 20 millions de francs CFA d’amende. Mais entre nous, ceux qui savent comment fonctionne ce marché se doutent déjà que le prochain groupe WhatsApp est probablement déjà en ligne, avec un nom un peu plus discret et un nouvel administrateur fraîchement promu. Car, au Gabon comme ailleurs, tant que la demande existera, l’offre trouvera toujours un moyen de se connecter… au Wi-Fi.

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