Le 28 mars dernier, notre confrère Gabon Review accordait un droit de réponse au patron de Woodbois, à la suite d’une vague de critiques à l’encontre de cette société basée à Londres et dont certaines pratiques entachent sévèrement l’image qu’elle tente de promouvoir au Gabon via sa filiale Woodbois Gabon (WBG).
Comme à son habitude, le PDG de Woodbois y débite quelques platitudes et mensonges pour amuser la galerie ; c’est tellement facile d’escamoter la triste réalité avec quelques arguments et promesses évoquant un avenir radieux aux populations et à la jeunesse locales, au prétexte que cela répondrait à leurs attentes et aspirations. Si la volonté de rompre avec un passé douteux est louable, elle ne fait pas disparaître les dérives, manquements et dissimulations imputables au duo constitué par Guido Theuns et sa Directrice Gabon, Aminata Anselle.
Une des pépites de ce qui relève de la prestidigitation intellectuelle dans cet article mérite d’être citée : La filiale dit avoir pris la pleine mesure des enjeux de préservation des ressources naturelles et du respect des communautés locales. «Woodbois Gabon souligne l’importance cruciale de la transparence, de la gouvernance et du contrôle dans le secteur forestier», affirme la direction… Ces propos sont censés s’inscrire dans le cadre de ‘’ nouvelles ambitions économiques et sociales’’.
Et notre confrère de conclure : « L’entreprise semble vouloir se démarquer des pratiques contestables dénoncées par ses détracteurs. Il lui faudra cependant convaincre dans la durée, au-delà des déclarations d’intention ». Nous le prenons donc au mot, car ces déclarations sont à l’opposé des échos qui nous parviennent du terrain. Après quelques vérifications, le constat est, une nouvelle fois, sans appel : la communication de Woodbois ressemble à un balafon, mais dont le joueur ne parvient qu’à émettre des bruits de casseroles…
Concrètement, la situation réelle de Woodbois Gabon n’est pas enviable : les dettes s’accumulent, les négligences graves se multiplient avec des accidents et des incidents techniques parfois violents, des périodes de non activité, une production de bois quasi-nulle, une gestion anarchique des ressources humaines, des retards de salaires, des quinzaines non réglées, des engagements officiels non tenus, des ardoises et des impayés à différents prestataires et sous-traitants.
« La transparence et la gouvernance sont cruciales » martèle Monsieur Theuns…
Sans vouloir donner de conseil à une Direction qui parle surtout d’avenir, il semble pertinent, pour sa crédibilité, qu’elle commence par régler les problèmes du présent qui résultent directement d’un mode de gestion qui ne fait pas rêver : Intimidations et mises à l’écart de cadres et de salariés, improvisation, désorganisation, accidents et incidents à répétition, dissimulation des manquements aux obligations sociales, légales et fiscales, sans oublier les sous-traitants, bailleurs et prestataires impayés.
Petit panorama des exploits managériaux au sein de WBG
Dès le mois de février, plusieurs cadres et salariés de l’entreprise ont fait l’objet de pressions, de harcèlement ou de mises à pied pures et simples, afin de les remplacer par des personnes jugées plus utiles et surtout plus dociles aux injonctions de la nouvelle Direction.
Au bureau de Libreville le DGA (nommé deux mois auparavant) a été limogé, la DRH mise à l’écart, le responsable des achats idem, l’expert-comptable a été écarté avec 24h00 de préavis, une salariée a démissionné en raison du harcèlement dont elle faisait l’objet. De manière récurrente, les employés se plaignent de l’attitude arrogante et menaçante de leur Directrice.
À Mouila, le jeu de chaises musicales débouche sur une désorganisation absolue. Deux cadres de longue date (DAF et Responsable logistique et mécanicien) ont préféré démissionner que de subir un management oppressant. Un salarié gabonais a remplacé la DAF avant d’être écarté au bout de trois mois. Le chef de scierie vient de démissionner, excédé par les mauvaises relations avec la Direction. Il a été remplacé par le veilleur de nuit du séchoir à bois (qui a explosé en mars faute d’avoir été rempli en eau…).
Quatre techniciens marocains en charge du fonctionnement de l’usine de déroulage hésitent sur la conduite à tenir, car ils ne sont plus payés depuis deux mois.
La société a recruté environ 80 salariés supplémentaires, mais ceux-ci ne travaillent pas ou très peu. Cela permet peut-être de faire croire que WBG est en plein essor d’activités, mais ces personnes n’ont que des contrats d’un mois…
Qu’en est-il sur le terrain, notamment dans la zone de Mimongo sur le chantier de réhabilitation de la route vers Pont Offoué ?
M. Guido Theuns s’obstinant à ne pas vouloir payer son sous-traitant WestCo, les travaux sont à l’arrêt depuis deux mois. Pour faire bonne figure, il s’est engagé solennellement le 15 mars, devant le Ministre des TP, à reprendre ces travaux dès le 20 mars. Sans surprise, il n’en est rien, mais il lui fallait gagner des délais. En d’autre termes, il a dupé le Ministre, comme il le fait systématiquement lorsqu’il est reçu par un édile de la République.
À ce jour, ses personnels ont acheminé une pelle et un bulldozer, mais rien n’a démarré (avec aussi peu de moyens, c’est impossible !). Par ailleurs, le personnel de WBG affecté à cette tâche a indiqué aux populations de la zone qu’ils ne vont pas démarrer : les salaires ne sont pas payés et le matériel est vieux. Les conditions ne sont donc pas créées pour reprendre un chantier de cette nature (pas de base vie et logistique, pas de matériel adapté, pas de cadres réellement qualifiés, etc.).
De leur côté, les populations se plaignent du comportement de WBG et de ses promesses non tenues. Elles tentent d’alerter, avec un succès mitigé semble-t-il, les autorités sur la situation qui prévaut localement. C’est le cas du collectif pour la route de Mimongo, qui relaie régulièrement des informations de situation de manière objective et responsable.
Donnons-leur la parole :
WOODBOIS GABON, LA FAILLITE ?
L'incapacité de Woodbois à tenir ses engagements se dévoile chaque jour d'avantage.
À Mouila, l'hôtel Lac Bleu réclame le payement d'une dette de huit millions (8.000.000 ) de francs ;
La taxe sur la superficie exploitée dans le département de l'Ogoulou évaluée à plusieurs millions reste impayée à ce jour ;
La taxe locale sur l'occupation du domaine public due au conseil départemental de l'Ogoulou pour l'exercice 2023 d'un montant 3.400.000 est impayée ;
Au regard de tout ce qui précède, nous sommes en droit d'exiger que Woodbois, qui promet de reprendre les travaux routiers sur l'axe Mimongo - Pont Offoué depuis deux (2) mois sans le faire soit débouté et traduit en justice pour détournement de la somme d'un (1) milliard de francs destinés à l'exécution du marché N° 12 / MTPEI / SG / 2023.
Le collectif des populations de l'Ogoulou pour la route invite la Direction Provinciale des TP de la Ngounié, maître d'œuvre du dit marché, à s'abstenir de tout arrangement de dessous de table, et d'être conforme à la volonté du Président de la Transition, Président de la République Chef de l'État, qui nous exhorte à privilégier l'intérêt supérieur de la Nation au détriment de nos intérêts égoïstes.
"LA POPULATION N'ACCEPTE PLUS DE SUBIR LA MAUVAISE FOIS DE WOODBOIS."
Dissimulations et fuite en avant
En encaissant ce milliard de FCFA, Woodbois ne devrait pas connaître de problèmes de trésorerie. Mais cet argent a manifestement été capté par un noyau d’actionnaires et a peut-être servi partiellement à combler une partie des dettes de Woodbois Ltd (Londres), dont les activités spéculatives sont au cœur du mode de fonctionnement.
Dans ces conditions, que va pouvoir annoncer Guido Theuns après ses ‘’100 jours’’ à la tête de cette structure à ses associés, aux petits actionnaires et autres investisseurs potentiels ?
L’époque des publications triomphalistes et rassurantes (quoique mensongères) sur le site de Woodbois Ltd, tout comme dans les publications financières telles que Zonebourse, est peut-être révolue. De ce fait, la prochaine assemblée générale risque d’être ambiancée…
Mais pour l’heure, il faut absolument gagner des délais en faisant bonne figure. Ce qui explique le manège auprès des autorités et administrations gabonaises, sur fond de promesses qui ne sont pas tenables. Monsieur Theuns a ainsi choisi de mentir à tous ses interlocuteurs pour espérer amorcer des activités alternatives et survivre à ce qui s’apparente à un naufrage annoncé, en raison d’une gestion chaotique des activités par des personnes incompétentes dans le domaine de l’industrie forestière.
Ce tissu de mensonges permet ainsi de dresser et d’entretenir un écran de fumée pour masquer une réalité bien sombre : celle des salariés de WBG malmenés, des populations de l’Ogoulou flouées, de l’État abusé, d’un sous-traitant spolié, des hôteliers, bailleurs et prestataires abusés.
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