La France ne serait-elle plus capable de supporter le financement majoritaire de la chaîne de la francophonie ? C’est visiblement le cas au regard de la campagne urgente d’ouverture de l’actionnariat aux pays d’Afrique subsaharienne entreprise par le Président directeur général de TV5 Monde, Yves Bigot.
Ce dernier a rencontré, le lundi 22 avril 2024, le président de la Transition gabonaise, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Lors de cette rencontre, le PDG de TV5 Monde a proposé au Chef de l’Etat que le Gabon intègre l’actionnariat de la chaîne. Il s’agira pour la télévision gabonaise d’intégrer ladite plateforme afin de voir ses programmes diffusés sur les différentes chaînes partenaires et de rendre plus visible à l’échelle internationale l’action de l’exécutif, précise le communiqué de la présidence de la République.
Si à l’issue de ces échanges, Brice Clotaire Oligui Nguema a instruit son gouvernement d’examiner la requête du PDG de Tv5 Monde afin d’y donner une suite, dans l’opinion des voix s’élèvent pour dénoncer une proposition indécente de la part du média français. Il n’est pas question, indiquent plusieurs observateurs, que le Gabon débourse d’importantes sommes d’argent dans l’achat des actions dans une télévision internationale alors que le pays fait face à des urgences sur le plan social, tant en matière d’éducation, d’emploi, d’infrastructures énergétiques, routières que dans la santé ou l’accès à l’eau potable.
La proposition d’ Yves Bigot est d’autant plus indécente que sur le plan local, les médias gabonais (privés comme publics) sont au bord de la faillite. Faute d’accès à la publicité et d’un financement conséquent de l’Etat, les entreprises de presse écrite ferment, les unes après les autres, boutique. La montée en puissance du numérique a considérablement fait chuter les recettes en kiosques. Que dire de la presse publique qui n’est pas logée à une meilleure enseigne. Personnel en situation de précarité, stations provinciales à l’abandon, absence de matériel, de financement…Rien ne va. D’où les appels, sans cesse, lancés par les organisations syndicales et associations des journalistes pour la mise en place d’une politique de financement de la presse afin de sauver les entreprises de ce secteur du marasme.
Dans une telle situation de chaos, mobiliser les ressources publiques pour l’achat des parts dans une chaîne française sonne comme une insulte faite à ceux qui se battent au quotidien au Gabon pour faite vivre les médias.
Bravo et félicitations encore.
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