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Politique

Tribune Libre : « Opposition au pouvoir ou opposition à l'opposition »

IMG L' opposition à l'opposition mobilisée pour valider les résultats de cette concertation politique.

(*) Par Hyacinthe Marcel M'ba Allogho

La rengaine du pouvoir et de ses atalakou sur l'opposition perd le risible qu'elle avait au départ. Elle devient dangereuse parce que de plus en plus reprise par une population qui, à force de répétitions et de matraquages, trouve belle les sérénades de certains membres du gouvernement qui alignent les mots les uns à la suite des autres, mais ne fait plus l'effort nécessaire d'aller chercher du sens et du vrai derrière ces ronrons. On entend souvent que l'opposition est divisée, que l'opposition est en manque de repères, que l'opposition n'a aucun leader, qu'elle ne réussira jamais son unité. Comme si 2016 ne suffisait pas à tempérer leurs lectures d'augures quand Ping a été choisi pour porter le flambeau des videurs du PDG et de son candidat, comme si elle a jamais eu besoin d'avoir un candidat unique quand elle est sortie vainqueur des urnes mais chaque fois spoliée et battue par les armes en 93, 98, 2009 et 2916.

 

Peut être faudrait-il déjà qu'on se mette d'accord sur les mots. C'est quoi l'opposition ?  Pour peu qu'on ait toute sa lucidité, une opposition se définit par le fait de contrer ou de contester la totalité ou partie du programme d'action du pouvoir en place. Elle se mesure aussi par le fait de s'être opposé dans les urnes au vainqueur qui a accédé au pouvoir après une élection. L'opposition agit donc soit de manière parlementaire, soit par reconnaissance du suffrage réel. Relisons la liste de nos députés et sénateurs. L'opposition est représentée au Parlement par quels partis ? Je ne pense pas que le gouvernement actuel ait intérêt à ce que ce soient les seuls partis qui ont une vie politique, qui participent aux élections, qui disposent de sièges connus soient les seuls présents quand il veut parler des élections qu'il ne gagne devant eux qu'en tripatouillant.

 

Il a plutôt intérêt à leur coller comme boulets et se sentir moins seul de fictives formations politiques qui n'existent que sur le papier, sans militants, avec des bureaux dans les coffres arrière des voitures pour créer la cacophonie et le blocage. Ces partis qui, sans idéologie connue, se sont auto déclarés de l'opposition dès leur naissance, sans avoir posé aucun acte politique de lutte sur le terrain et l'avoir perdu. Comme si l'opposition était un statut immuable. N'est-ce pas là une autre manière de manquer de considération envers  les électeurs qui ont choisi des députés et sénateurs autres que pédégistes pour les représenter et dont les élus sont noyés dans les anonymes.

 

Voilà comment un parti politique inconnu de tous les Gabonais, qui n'a participé à aucune élection depuis 1990, ou qui n'a été légalisé qu'il y a 2 jours (suivez mon regard), qui ne présente donc aucun candidat aux élections, qui n'a aucune force de représentation et qui n'a donc aucun intérêt, aucune expérience dans le sujet des élections et des problèmes qu'elles engendrent, va venir s'asseoir dans une importante négociation pour le pays et brasser de l'air à côté de G2N qui a des députés et des sénateurs, de Paulette Missambo ou de ABC et prendre la parole au même titre qu'eux, surtout quand il faut les bloquer, les contrer, à empêcher d'avancer quand plus rien ne cadre avec les ambitions de son mandant, pour s'offrir une existence ou parce qu'on le lui a demandé en contre partie de sa légalisation.

 

Mieux encore, l'opposition n'est pas un parti politique comme le perroquète le gouvernement, comme les atalakou le pensent en la croyant dans les logiques d'enfermement sous le dictât des individus, comme ils le répètent par manque de jugeote. Elle n'a pas donc de DCP derrière lequel elle s'aligne et s'agenouille. Il y a officiellement 71 partis de l'opposition au Gabon (?) et donc 71 oppositions à l'heure actuelle. 71 partis qui n'ont pas cloné leurs intérêts. Leur demander de faire une liste de trente consiste à l'infaisable de demander à certains d'acter leur effacement. Inacceptable mais volontairement entretenu par le pouvoir qui le demande à escient pour le résultat normal qu'il s'empresse d'utiliser en clamant l'impossibilité de l'opposition a s'entendre, en rameutant son opposition docile pour donner le faux label de l'opposition à des actes qu'il a lui-même dictés à ses obligés.

 

Ne pas comprendre cette situation de manipulation est triste. C'est le pouvoir qui crée ce désordre en injectant des opposants à l'opposition dans les rangs de l'opposition. Quand ça ne marche pas et ça ne marchera jamais, ce n'est pas la faute de l'opposition. C'est le serpent du pouvoir qui se mord la queue alors qu'il aurait bien pu se l'éviter.

 

(*) Journaliste et acteur politique.

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