Le 09 juin 2020, à 11 heures 30 minutes, les agents de la Direction générale des Contre-ingérences et de la sécurité militaire reçoivent, pour audition, un invité pas comme les autres. Ces inspecteurs doivent, ce jour-là, auditionner Denis Virgile. L’homme d’affaires français, qui est, depuis quelques mois, à la tête de Sogea-Satom au Gabon, est invité à répondre aux interrogations liées à la gestion par l’entreprise qu’il dirige du projet du bassin-versant de Terre Nouvelle. A cette époque (et jusqu’à ce jour) le projet est à l’arrêt. Alors qu’il est indispensable pour l’évacuation des eaux dans les zones des PK 6, 7, 8, Terre Nouvelle et d’autres agglomérations de la capitale gabonaise.
La Task-force, qui, en juin 2020, procède à une étude approfondie du dossier, vient de découvrir de nombreuses malversations et surfacturations qui expliquent en partie l’arrêt des travaux. Alors que le projet n’est même pas encore réalisé à plus de 50 %. Si Denis Virgile indique n’avoir pas participé à l’exécution des travaux, puisque n’étant pas en poste, il va, cependant, très vite reconnaître que son entreprise s’était rendue coupable d’actes de surfacturation dans l’exécution du chantier. Même si, au passage, le responsable de l’entreprise accuse ouvertement la partie gabonaise, notamment le ministère des Travaux publics, de n’avoir pas respecté une partie de ses engagements qui consistaient à procéder à la libération des bâtisses qui sont construites tout au long du linéaire.
Ces accusations ne changent rien au fait qu’en amont du projet, Sogea-Satom a procédé aux surfacturations. C’est le cas du prix des moustiquaires imprégnées qui devaient être distribuées aux habitants et aux travailleurs. Sogea-Satom va facturer le prix d’une moustiquaire imprégnée à 55 mille Fcfa l’unité, alors que le prix sur le marché est de 7 mille 650 Fcfa. « Le prix a été basé sur un sous-détail de prix transmis à l’administration. Mais au vu des éléments de comparaison qui m’ont été présentés et que je ne conteste pas, le prix est élevé », indique Directeur général de Sogea-Satom. Questions : comment après toutes ces révélations et le travail d’audit mené par la Task-force, la société Sogea-Satom n’a jamais été inquiétée ? Comment expliquer que cette société française continue à bénéficier des marchés publics, alors que sur le projet du bassin-versant de Terre Nouvelle a été épinglée pour des surfacturations à hauteur de 20 milliards de Fcfa ? Comment comprendre que le parquet général, qui a reçu les éléments du dossier de la Task-force, refuse, à ce jour, d’engager des poursuites judiciaires ?
Trafic d’influence, mensonges sur une possible arrivée du Président français Emmanuel Macron au Gabon, cabale contre la Task-force… A travers ces méthodes abjectes, les lobbies français du monde du BTP vont tout mettre en œuvre, pour qu’aucune des sociétés concernées et épinglées par la Task-force ne soit inquiétée.
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