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Vol aggravé, détention arbitraire et abus d’autorité : l’enfer au Gabon d’une businesswoman chinoise

IMG La businesswoman victime d'une vaste organisation mafieuse. Photo montage Gabonreview.

On nous vendait l’émergence minière. Une nouvelle ère de transparence, d’attractivité et de souveraineté économique. Mais derrière les beaux discours, l’affaire Wu Chunhong révélée par Gabonreview  témoigne d’une une zone grise où se croisent chantage, passe-droits, et méthodes qui relèvent plus du cartel que du code minier.

 

La businesswoman chinoise, investisseuse légalement engagée dans le projet minier Baywell, pensait débarquer à Koula-Moutou pour relancer l’exploitation d’un site en partenariat avec l’État gabonais. En réalité, elle est tombée dans une fosse commune à investisseurs naïfs, où la loi est un outil de dissuasion sélective, manié par des mains privées mais apparemment protégées par des services publics.

Séquestrée quatre jours. Menacée. Forcée de signer des documents relevant du théâtre de l’absurde dont l’un pour jurer qu’elle n’a jamais été maltraitée (un classique des mauvais polars). Et pendant ce temps, ses téléphones se baladent comme des émissaires discrets entre la villa de Lucas Perez et les bureaux du B2. Un va-et-vient si précis qu’on se demande s’il n’existe pas une application spéciale : “KidnapCloud Pour suivre vos biens saisis illégalement, en temps réel.”

Quand les conflits internes deviennent stratégie d’intimidation

L’affaire Imperator Mining ne concerne pas qu’un désaccord commercial. Elle révèle un usage très personnel de l’appareil sécuritaire. Une sorte de privatisation des moyens d’État, où un étranger peut, en toute tranquillité, détourner les institutions à son profit. Lucas Perez ne semble pas seulement gérer une société minière. Il gère aussi les allées et venues de la police secrète. Nouveau service premium pour expatrié bien introduit ?

La plainte de Wu Chunhong pour vol aggravé, détention arbitraire et abus d’autorité n’est pas seulement un cri d’alarme. Elle est une radiographie d’un secteur minier malade, rongé par les intérêts croisés et les arrangements obscurs. Le Gabon a voulu jouer dans la cour des grands en matière d’investissement minier. Mais à ce rythme, il risque de finir blacklisté sur la scène internationale. Qui viendra encore investir dans un pays où on peut être embastillé pour avoir défendu ses droits contractuels ?

 

Un permis pour investir… ou pour disparaître ?

Les permis miniers sont censés être des titres juridiques, pas des pièges administratifs. Ils garantissent l’activité, pas la captivité. Ce que révèle l’affaire Wu Chunhong, c’est un risque systémique : des opérateurs économiques transformés en otages, et un climat d’insécurité juridique digne d’un État en décomposition. Dans ces conditions, inutile d’organiser des forums d’investissement : le vrai message est déjà passé.

Alors, question simple : à qui profite le minerai ? Aux Gabonais ? À l’État ? Ou à quelques intermédiaires qui se croient tout-puissants dans cette ruée vers l’or, version république bananière ? Si les autorités ne réagissent pas, c’est qu’elles acceptent, cautionnent, ou redoutent. Dans tous les cas, le silence sera aussi assourdissant que coupable.

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