Les logements sociaux de la cité Alhambra d'Angondjé dans la commune d'Akanda, au Nord de Libreville, sont livrés à une dégradation progressive du fait de leur manque d'entretien. Les populations, qui y habitent, vivent de plus en plus dans des conditions d’extrême précarité favorisées par le manque d'eau, les installations anarchiques des câbles d'électricité, l'absence de toilettes et de bien d'autres maux.
Libreville, le dimanche 08 novembre. Le temps est maussade sur la capitale gabonaise, une grande pluie menace de s’abattre. Une bonne nouvelle pour les habitants de la cité Alhambra, qui vont profiter de cette aubaine, pour remplir les seaux et autres récipients avec de l’eau de pluie. Il est étonnant que la cité tant vantée pour être un modèle de logements sociaux soit dépourvue d’eau. Au fil des années, la cité n’a cessé de se dégrader au point de ressembler désormais à un camp de réfugiés.
Les sociétés adjudicataires desdits marchés n’étant pas allées au terme du projet, plusieurs maisons sont restées inachevées. D'autres, qui ne sont même plus sorties de terre, ont été récupérés par les riverains et transformées en boxes à usage commercial ou à de petites cabanes pour des familles démunies. Un reflet du niveau de pauvreté et de précarité des conditions de vie dans lequel de nombreux compatriotes sont plongés.
Quant aux logements parachevés déjà, ils sont occupés, soit par des Gabonais, qui avaient, à l’époque de la Société nationale du logement social, procédé à des réservations, soit par quelques squatters, qui se sont empressés de les occuper lors de la période d’abandon. « A l’époque, c’était la loi du plus fort », commente un habitant. Au milieu de ce pandémonium, plusieurs « gens d’en haut » se sont invités, en achetant les maisons les mieux parachevées. Pendant que certaines de ces personnalités aisées ont logé parents, amis et connaissances, d'autres, pour leur part, ont pensé à les faire louer à des particuliers dans le but de s’en mettre plein les poches.
La cité de tous les problèmes
Depuis l’occupation en 2016, les problèmes de la cité Alhambra sont demeurés les mêmes. Manque d'eau, installations anarchiques des câbles d'électricité, absence de toilettes... En plus de ces manquements, il y a l'épineux problème des inondations. « Lorsqu'il pleut, la cité se transforme en un géant lac. Une situation qui nous contraint le plus souvent à rester dans nos maisons pendant plusieurs heures, voire toute la journée, en attendant le retour à la normale », indique un autre habitant de la cité. La pluie est encore plus dommageable pour les habitants des logements délabrés. Sur certaines toitures, il suffit de la moindre pluie, pour inonder toute la maison. A ce qu’il semble, les matériaux utilisés pour la construction de ces habitations préfabriquées ne répondraient pas aux normes environnementales. Quelques années seulement après leur construction, elles sont en train de tomber en ruine. Portes déchiquetées, plafond en lambeaux, murs crasseux.
L'école : une habitation pour les sans-abris
Au centre de la cité, un autre bâtiment était destiné pour faire office d'école pré-primaire et primaire, pour accueillir les enfants des habitants de la cité. Seulement voilà, le bâtiment divisé en plusieurs compartiments et dont les travaux sont, pourtant, allés à leur terme, a été abandonné. Longtemps resté sous les hautes herbes, il est, aujourd'hui, occupé par de nombreux sans-abris. « L'école était dans les hautes herbes, et n'ayant pas d'endroits où nous loger, nous l'avons occupée. Nous avons fait une véritable cure de jouvence vu qu'elle avait été transformée en toilettes publiques où chacun se plaisait à venir faire les selles », argue un squatter.
Des ministres sans solution
De Bruno Ben Moubamba à Léon Armel Bounda Balonzi, en passant par Josué Mbadinga Mbadinga, Ernest Mpouho Epigat et bien d'autres, aucun de tous ces ministres en charge de l’Habitat, qui se sont succédé, n’a pu trouver une solution aux plaintes des habitants. Pourtant, à plusieurs reprises, des correspondances faisant état de nombreuses carences leur ont été envoyées, mais chaque ministre s’est, chaque fois, contenté de procéder à de simples visites, histoire de s'imprégner des réalités vécues par ces compatriotes, mais sans jamais trouver de solution.
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