Par Wilfrid Kombe Nziengui
Nord-est de Libreville, près de 11 kilometres sur la nationale 1, y est érigé l'hôpital psychiatrique de Mélen. La seule structure sanitaire du pays spécialisée dans la prise en charge des maladies mentales ( Schizophrénie, addictions, démences, trouble bipolaire...). Au regard de son importance et de la sensibilité des patients traités, personne ne comprend pourquoi cette structure est laissée à l’abandon, tombe en désétude. Des patients oubliés aussi bien par les pouvoirs publics que par les familles.
A l'entrée principale, une pancarte nous oriente, nous sommes à l'hôpital psychiatrique de Mélen.
À l'intérieur de la longue muraille, des bâtiments délabrés presque noyés au milieu des hautes herbes, nous accueillent. On est loin de s'imaginer dans une structure sanitaire. Mais la présence de quelques blouses blanches, nous enlève ce doute. À quelques pas du portail central, un bâtiment, érigé à gauche accueille le service de consultation. Il est presque désert. De toutes les pièces que contient cet édifice vétuste, une seule salle reçoit les patients pour les consultations. Le long couloir qui y mène est dans le noir. Aucune ampoule électrique. À chacun donc, d'user de courage pour affronter les câbles électriques issus des installations anarchiques presents de part et d'autres. Pire encore, la table qui sert de bureau à l'agent psychiatre, fabriquée en matériaux de récupération (planches et lattes) et couvert d'un tissu dérisoire sert de nappe. Un milieu assez précaire qui trahi avec facilité les conditions difficiles auxquelles est confronté le personnel de santé.
À la cour de la structure, des hommes et des femmes modestement vêtus déambulent. Ce sont les malades mentaux. Presque abandonnés et libres de leurs mouvements, certains sortent du portail. Pas de protocole de sécurité, aucun vigile n'est au poste pour réguler les allées et venues. " Ehhh! qui êtes vous? C'est moi le patron de ce lieu, j'ai droit aux honneurs d'un chef d'Etat à chaque fois qu'un étranger pénètre ce lieu. Je suis le boss", nous dit un patient moin agressif.
Nous poursuivons notre chemin vers le bâtiment abritant le service administratif, où nous demandons à rencontrer le Directeur de la structure. Une demande qui suscita la méfiance stricte des blouses blanches. "Le Directeur s'est déplacé". Le message est reçu. Nous comprenons qu'il est moins nécessaire d'insister, les médias privés n'étant souvent pas les bienvenus dans les services publics. Nous rebroussons ainsi chemin.
Mais tout juste à la sortie, un agent de la structure accepte de se confier à nous bien que réticent lui aussi. " Ici, il manque presque tout. Les toilettes n'ont pas d'eau, ils ne sont non plus éclairés. Dans les chambres, il y a un manque criard de matelas. Certains patients dorment à même le sol.", confie ce dernier.
En plus de ces mauvaises conditions s'ajoutent l’absence de matériel pour le personnel soignant. " Les difficultés ne touchent pas que les malades. Le personnel soignant est confronté lui aussi aux mêmes difficultés. Il y a des moments où nous n'avons même plus de seringues, des gangs et certains équipements élémentaires."
"Nombreux d'entre nous vennons ici, simplement pour les commodités d'usage, pointer nos journées, marquer notre présence. Nous avons mainte fois ecrit aux autorités de tutelle, mais ces sollicitations sont restées lettres mortes. Même les bus que vous apercevez là-bas, c'est grâce au ministre Léon Nzouba. Il nous les avait remis lors de son passage au ministère de la Santé.", Rencherit le même agent.
Des manquements ont conséquence néfastes pour l'exercice du métier des agents.
Pire, pour les patients dont l'état de santé devrait susciter un meilleur suivie. Les autorités en charge du ministère de la santé ont longtemps été informées des difficultés que traverse cette structure sanitaire, mais n'ont jamais rien fait pour répondre positivement à ces exigences qui devraient faciliter les conditions d'accueil de la plupart des déficients mentaux qui déambulent dans les rues de la capitale et à l'intérieur du pays.
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