Reportage :: Fidèle Momomba, le combat pour faire renaître Saint-Martin des Apindji

Fidèle Momomba multiplie les actions pour le bien-être des populations.

Par Wilfrid Kombé Nziengui

Le visiteur, qui débarquait dans ce coin perdu, était happé par l’absence d’enfants. Tout de suite, l’on découvrait ahuri que les quelque soixante âmes, qui habitaient le village Saint-Martin des Apindji, étaient, pour la plupart, des personnes dont l’âge variait entre 40 et 90 ans. Au point que cette petite localité au décor pourtant féerique du département de la Douya-Onoye (à trente kilomètres de Mouila, dans la province de la Ngounié) avait été surnommée « le village sans enfants ». A l’absence d’une relève, Saint-Martin des Apindji était donc voué à disparaître. D’autant que sa progéniture était forcée à l’exil faute d’enseignants dans le seul établissement scolaire du village.

Pour ne pas avoir à hypothéquer l’avenir de leurs enfants, les parents, le cœur brisé, n’avaient pas d’autre choix que de les envoyer vivre dans de grandes villes. Les enseignants, affectés dans la localité, ont toujours refusé de débarquer dans cette terre quasiment coupée du monde. Route impraticable, absence d’une structure sanitaire, d’eau potable, d’activités génératrices de revenus… Saint-Martin des Apindji se meurt comme la plupart des villages de la Douya-Onoye. Du lever du soleil jusqu’à son coucher, seuls les cris des oiseaux dans les arbres et du bétail dans la cour brisent, de temps à autre, le silence oppressant de la journée.

Mettre fin à cette situation

Comment expliquer cet abandon ? Pourquoi les pouvoirs publics refusent-ils de déployer les moyens nécessaires, pour sortir cette localité du sous-développement chronique dans lequel elle est plongée depuis des années ? Cynisme volontaire d’un gouvernement démissionnaire ou simple dédain pour des populations que l’on considère comme des sous-hommes ? Quelle qu’en soit la réponse, les populations de ce département ont, depuis lors, pris acte de l’indifférence du pouvoir Bongo/PDG à leur égard. Lors de la dernière élection législative, ils ont voté, massivement, contre le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) et envoyé, à l’Assemblée nationale, un candidat de l’opposition en la personne de Fidèle Momomba. Fils de la localité, ce député, qui s’est fait élire sous les couleurs du parti politique Les Démocrates, n’a pas perdu de temps pour lancer des actions visant à mettre fin à l’exode rural des enfants du village.

Le député va relever le défi de rouvrir l’école publique de Saint-Martin des Apindji après plusieurs années de fermeture. Il va, pour ce faire, adresser, en 2019, des correspondances aux autorités administratives de la province de la Ngounié, afin de solliciter l’affectation d’un enseignant dans cet établissement. Mais les autorités locales ne vont pas donner une suite favorable à sa requête. Pour autant, le député ne baisse pas les bras. L’année scolaire suivante, il décide, en l’absence d’enseignant affecté dans l’établissement, de recruter et de payer sur fonds propres un enseignant à la retraite, afin que ce dernier dispense des cours aux enfants sur place.

Le préfet de la Douya-Onoye s’est, entre-temps, opposé à la proposition de rémunérer cet enseignant par une partie des Fonds de développement local (FDL) issus de l’exploitation forestière de la localité. Grâce à cette initiative de Fidèle Momomba, une trentaine d’élèves a été scolarisés. Deux des trois candidats présentés au Certificat d’études primaires ont obtenu leur entrée en Sixième. Une prouesse saluée par les populations, mais qui lui vaut, cependant, les attaques des cadres du PDG issus de cette localité. Lesquels se sont, depuis des années, servis de la misère des populations comme un fonds de commerce. « Il était plus facile, pour eux, de remporter une élection, en distribuant des cartons de nourriture et autres gadgets. De la sorte, ils étaient perçus comme des bienfaiteurs, des personnes généreuses préoccupées par la situation de pauvreté des habitants. Il est donc normal qu’ils perçoivent en Fidèle Momomba une menace », commente un habitant exaspéré par l’incurie et « la sorcellerie politique » des PDGistes.

Sauf que les coups bas sont loin de freiner la détermination du député de l’opposition à œuvre pour un changement de paradigme dans le Canton Dibadi. Outre la distribution aux populations de sa circonscription électorale des outils pour les travaux champêtres et l’entretien des villages, il a procédé à la réhabilitation d’une auberge dénommée « Auberge Mifuku » et du marché rural du village Moualo. L’objectif pour l’élu est de relancer l’activité touristique dans une localité où il existe plusieurs sites touristiques. Notamment la mission Saint-Martin des Apindji. Pour faciliter le déplacement des populations sur une route en piteux état, l’honorable leur a, récemment, offert une camionnette de marque Isuzu. Preuve de sa détermination à œuvrer pour le développement d’une localité qui lui a tout donné.