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Primes des Panthères : Arrêtez votre hypocrisie !!!

IMG L' équipe des panthères du Gabon.

 

Comme il sait bien le faire, le pouvoir gabonais use et abuse de la fibre patriotique des Gabonais pour discréditer tous ceux qui osent revendiquer les droits qu’il se retrouve dans l’incapacité de satisfaire, tous ceux qui le mettent devant les engagements qu’il a pris et qu’il se trouve dans l’incapacité de les honorer. Que les enseignants se mettent en grève pour revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail malgré des promesses vieilles d’une trentaine d’années et les multiples discussions syndicales ponctuées la main sur le cœur de serments de solutions, le gouvernement ne trouve rien d’autre que les diaboliser en les accusant de vouloir prendre les élèves, nos enfants en otage. Cette fois, c’est sur les joueurs de l’équipe nationale de football que la même technique est appliquée. Pour avoir mis la pression pendant leur séjour au Cameroun où ils jouent la phase finale d’une coupe d’Afrique des Nations, il leur est reproché de revendiquer des primes mirobolantes et injustifiées en mettant en exergue leur manque d’amour pour le pays.

 

Deux éléments forts sont utilisés pour mettre du poids à cette campagne de dénigrement. Le montant exigé d’abord. Il s’agit quand même de près de 4 milliards de francs qu’il faut sortir des caisses de l’Etat pour satisfaire les appétits boulimiques d’une bande de gamins qui ne font que courir derrière un ballon de foot. L’origine de la fuite ensuite. On donne l’information à Jeune Afrique, un hebdomadaire qui a pignon sur rue. Quitte à trouver et c’est plus facile, des relais sur dans le paysage médiatique gabonais proches du palais présidentiel pour amplifier. Et ça marche… sauf pour les avertis capables de décrypter.

 

La source de cette information d’abord. Tout le monde sait aujourd’hui que Jeune Afrique s’éloigne de plus en plus de l’information objective pour se consacrer à la promotion des pouvoirs en Afrique, au soutien des dictatures les plus rentables financièrement, quoi de mieux si elles sont en plus protégées par les milieux politiques français. Cette information aurait pu être divulguée par l’Union ou par les médias du service public gabonais. Il fallait que ça vienne de l’extérieur comme ce pouvoir nous a habitués à n’accorder sa confiance qu’à tout ce qui vient de l’étranger. Il fallait que ce soit de ses amis de Jeune Afrique.

 

Mis sur la place publique, le montant de 3,8 milliards exigé par les joueurs est tout naturellement affolant. Surtout quand on y glisse de manière sournoise l’idée qu’il ne s’agit que de footballeurs. Ceux qui cherchent à comprendre ne le trouvent pourtant pas si scandaleux que ça. Dans le monde du football, une sélection en équipe nationale génère une prime au joueur appelé, un match gagné comme un nul génère des primes de match aux joueurs et à l’encadrement technique. Une qualification aux compétitions majeures que sont la Coupe d’Afrique des Nations et la Coupe du Monde génèrent des primes dites de qualification aux joueurs et à l’encadrement technique. Une participation à la phase finale d’une de ces compétitions majeures rapporte des primes aux joueurs et à l’encadrement technique. Tout ceci mis bout à bout représente une belle somme d’argent. Le méritent-ils ? Les fonctionnaires travaillent pour leur pays et sont payés en conséquence. Qui peut objectivement leur demander de se mettre gratuitement au service du même pays pour le seul travail dans lequel ils excellent ?

 

 Cependant, nous savons tous que le Gabon a surmultiplié sa dette intérieure depuis des années du fait d’une tension de trésorerie inqualifiable. Les factures ont du mal à être honorées quand elles le sont, les salaires des fonctionnaires sont gelés, leur carrières professionnelles mises entre parenthèses, l’Etat ne recrute plus, les enseignants, les régies financières, le personnel médical réclament tous des rappels de salaires et de primes. Il est très peu probable que les seuls satisfaits dans cet océan de mécontents soient les footballeurs.

 

Mieux encore, il faut assumer le fait de s’être contenté des joueurs évoluant à l’étranger pour constituer l’équipe nationale qui continue à entretenir l’illusion d’un football gabonais sur le plan international, le championnat national étant mort. Ces joueurs sont tous des professionnels dans leurs clubs. Quand ils viennent en regroupement, leurs salaires en clubs sont suspendus. Un seul exemple suffit à le faire comprendre. Pierre Emerick Aubameyang gagne 1,115 milliards de francs par mois à Arsenal. Chaque semaine de regroupement en équipe nationale lui coûte 279 millions de francs. Mario Lemina perd 41 millions de francs par semaine de regroupement en équipe nationale et Denis Bouanga 15 millions. Même le tout dernier, le petit Ulrich Eneme Ella qui vient de commencer sa carrière à Brighton perd 2 millions de francs par semaine en venant en équipe nationale. Le manque à gagner est donc considérable pour tous ceux que nous utilisons.

 

Pourtant, sans parler de remboursement intégral, le sacrifice ainsi consenti est négocié par les joueurs avec la Fégafoot en termes de compensation. Parce que les joueurs savent ce qu’ils rapportent comme rentrées financières. Ils savent que c’est grâce à eux que la Fifa et la Caf versent des centaines et des centaines de millions de subventions chaque année à la Fédération. Pour cette seule année par exemple, en plus de l’apport annuel normal, la Caf annonce avoir débloqué une enveloppe de 10,8 millions de dollars d’aide exceptionnelle aux 54 fédérations membres pour ʺsoulager leur peine en cette période difficileʺ de lutte contre la Covid-19.

 

Cela représente un peu plus de 100 millions de franc par fédération, auxquels s’ajoutent 300 millions de subvention spéciale de lutte contre la pandémie. Dans les mêmes conditions, la Fifa a annoncé que chacune de ses 211 fédérations a reçu 300 millions de francs cfa d’aide à la lutte contre le Coronavirus. On exclut donc l’aide pour le développement du football féminin et les subventions pour la construction des infrastructures connue sous le projet Goal.

 

Théoriquement donc, l’Etat et les finances publiques ne devraient pas être les principaux pourvoyeurs de fonds pour payer ces primes. Mais notre gestion opaque dans tous les domaines à argent fait que l’argent de la Fédération qui devrait les prendre en charge est affecté à d’autres utilisations. Voilà le vrai problème… Au lieu de traiter ces enfants de mercenaires, il faut déjà savoir quel sacrifice ils font pour venir jouer pour le pays. Certains vont même jusqu’à les traiter de mercenaires pour avoir exigé des primes au choix de leur pays alors qu’ils avaient la possibilité d’être appelés en équipe de France. C’est notamment le cas de Lémina et d’Aubameyang. Ils trouvent pourtant normal que fonctionnaires, ils bénéficient des services rendus à la sortie de leur carrière, ou que dans le privé, des matelas leur soient offerts à la sortie. On parle bien de 100 millions de francs reversé à un ancien Directeur Général de la Cnamgs sans que ça n’émeuve personne. Ce que certains négocient à la sortie, d’autres préfèrent l’avoir à l’entrée. En football, cela s’appelle prime à la signature.

 

Arrêtons d’être hypocrites et assumons nos choix. Ces enfants méritent mieux que ça.

 

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