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Société

Pénurie de vivres/ Interview de Georgette Toussaint : « Nous ne pouvons pas continuer à être dépendants de l’extérieur pour nous nourrir »

IMG Georgette Toussaint au centre ( tenue jaune) regrette que le Gabon soit condamné à dépendre de l'extérieur en matière de production agricole.

A la tête d’une association qui regroupe près de cinq mille femmes gabonaises, pour l’essentiel des commerçantes, Georgette Toussaint réagit aux conséquences désastreuses de la pénurie des vivres sur l’activité de ces mères de familles.

 

Depuis quelques semaines les populations  constatent une pénurie de vivres sur les marchés. Une situation  due au  mouvement d’humeur des grossistes, lesquels s’insurgent contre  la parafiscalité sur nos routes.  Votre réaction ?

Effectivement cette grogne des grossistes est due à la parafiscalité en plus  des rackets que subissent ces opérateurs économiques. Tout au long du transport des denrées alimentaires, les convoyeurs doivent payer des bakchichs (salut du képi et autres) aux divers agents de force de l'ordre et aux  représentations des administrations publiques (les mairies, conseils départementaux, préfectures, service des douanes, des transports...) Un camion peut se retrouver à payer pas moins de 20 taxes entre la frontière Cameroun-Gabon et le point de livraison dans les marchés. C’est énorme ! La conséquence est immédiate, les dépenses effectuées par le grossiste sont tout de suite répercutées sur les prix des marchandises. A cela s'ajoute, la question  de l'état  de notre réseau  routier qui induit des charges supplémentaires pour les transporteurs. Dans ces conditions il est presqu’impossible  d’obtenir des bénéfices.

 

Vous êtes à la tête d'une  association  qui regroupe plus de cinq mille femmes, pour la plupart des commerçantes gabonaises, comment vivent-elles cette réalité ?

(Un moment de réflexion) Vous savez je suis en tant que première responsable de la Dynamique gabonaise des femmes profondément peinée de voir ces mamans, ces jeunes filles qui ont la volonté de se prendre en charge à travers leurs commerces, condamnées au chômage technique parce qu’il est impossible pour elles de se procurer de la marchandise. Pire, les difficultés liées au ravitaillement entrainent immédiatement une déstabilisation de leur budget et de leur capital. La principale conséquence de ce phénomène  est que beaucoup d'entre elles envisagent abandonner cette activité car elles n'arrivent plus à exercer sereinement leur métier, privant ainsi leurs familles de l'apport des revenus mensuels.

 

Comment y remédier ?

Il n’y pas de miracle. A court terme, il faut que les autorités en place trouvent des solutions immédiates aux revendications posées par les grossistes afin justement que ces derniers continuent à ravitailler les marchés en vivres. A long terme, il est plus qu’urgent que  notre pays s’oriente vers la mise en place de véritables politiques d’autosuffisance alimentaire. Des décennies durant, la majorité des aliments que nous consommons sont importés. Nous ne pouvons pas continuer à être dépendants de l’extérieur pour nous nourrir.

L’agriculture de subsistance que nous pratiquons ne sert pas à nourrir toute la population.  Il faut être réaliste et sortir des politiques politiciennes, des effets d’annonces pour travailler à la mise en place des politiques agricoles qui soient en phases avec les besoins et la consommation des populations gabonaises.

 

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