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Politique

OSSIMANE : vive le recyclage des Pédégistes !

IMG La cérémonie d'installation au Palais des sports.

Le week-end dernier, le gymnase Omar Bongo de Petit Paris, dans le 3ᵉ arrondissement de Libreville, a été le théâtre d’une curieuse messe politique. Les populations de l’Estuaire s’y sont rassemblées en masse, attirées non pas par un miracle, mais par l’installation officielle de l’association OSSIMANE dans le Grand Libreville. Une organisation qui, à en croire ses largesses ce jour-là, semble avoir été touchée par une manne céleste… ou peut-être par d’autres poches moins divines.

 

Au milieu de cette scène où t-shirts, casquettes et billets de banque valsaient comme dans un bal populaire, les spectateurs ont eu droit à un défilé de figures politiques autrefois conspuées. Jean Eyeghe Ndong, Jean François Ntoutoume Émane et Léandre Nzue, pour ne citer qu’eux, semblaient avoir troqué leurs costumes d’anciens gestionnaires du chaos pour ceux de repentants soudain devenus respectables. Ces vieux loups de la politique, naguère décriés, apparaissaient comme des saints, bénis par l’aura du président de la Transition lui-même, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema.

 

Et oui, cerise sur ce gâteau au goût amer, le président de la Transition a honoré de sa présence cette grand-messe d’OSSIMANE, dont il est président d’honneur. De quoi conférer à cette sortie des airs de lancement officieux de campagnes électorales, au mépris de toute pudeur. L’apparition de l’homme fort du pays, dans une période où la neutralité devrait être son credo, a fait l’effet d’un pavé dans la mare politique.

 

Neutralité ou militantisme masqué ?

L’analyse politique est sans appel : Oligui Nguema, en associant son image à celle d’OSSIMANE, a fait voler en éclats l’idéal d’unité nationale qu’il clamait haut et fort. Une Transition censée incarner la justice et l’équilibre semble s’enliser dans un favoritisme criant. Certains n’hésitent pas à qualifier cette apparition de « tribalisme idéologique », laissant craindre une marginalisation des autres organisations citoyennes et associatives du pays. Les associations TSOUMOU, les jeunes du Mapane ou encore d’autres regroupements sociaux n’ont qu’à croiser les doigts pour bénéficier d’une telle proximité présidentielle.

 

Les observateurs, eux, n’ont pas manqué de relever l’exubérance des moyens déployés par OSSIMANE. Une association si jeune, mais déjà si riche. Alors, la question qui fâche : d’où vient cette manne financière ? Il serait malvenu de penser que les caisses publiques, déjà exsangues, ont pu contribuer à cette générosité. Mais les Gabonais, toujours prompts à se poser des questions gênantes, chuchotent dans les marchés et les quartiers : OSSIMANE serait-elle une façade pour un parti politique déguisé ?

 

Quand l’éthique politique vacille

Cette sortie d’OSSIMANE est symptomatique d’un mal plus profond : la confusion entre la Transition et le militantisme. Dans un pays où les cicatrices politiques sont encore fraîches, ce type de posture renforce le scepticisme populaire envers la sincérité des intentions des leaders actuels. Si OSSIMANE devient un instrument de promotion personnelle, où est passée la mission de neutralité et de justice sociale que la Transition prétendait incarner ?

 

Le piège de la division

Pourtant, l’avertissement est clair. L’histoire politique du Gabon a montré à maintes reprises que jouer avec les sentiments communautaires et le favoritisme associatif est une pente dangereuse. La Transition pourrait bien se tirer une balle dans le pied en creusant un fossé entre les populations, ravivant les tensions qu’elle a promis de désamorcer.

OSSIMANE, le "miracle" financier et politique du moment, risque de devenir le symbole d’une Transition qui, au lieu de rassembler, divise. Mais que voulez-vous, au Gabon, les miracles ne sont jamais gratuits, et les promesses présidentielles, elles, ont un prix bien précis. Rendez-vous au prochain épisode.

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