C’est une tribune libre assez édifiante que viennent de signer Prince Roluc Bayonne (directeur général de 2BN international) et Yvan N’na Mboma (banquier). Dans la tribune publiée à Financial Afrik, ces experts jettent un regard froid et sans complaisance sur les limites des mesures prises par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) et des pays de la zone Cemac afin de faire face aux effets négatifs de la pandémie du Covid-19 dans la sous région.
Ces deux spécialistes notent d’entrée, que les mesures sanitaires et sécuritaires, certes courageuses et nécessaires, adoptées par les Etats pour freiner la propagation de la pandémie, ont eu des conséquences extrêmement dramatiques sur les économies de la zone. Notamment une baisse voire l’arrêt des activités des entreprises exerçant dans le secteur formel ; une désorganisation et/ou une faillite de certaines activités économiques informelles ; un accroissement du chômage, une amplification du niveau de pauvreté des ménages les plus fragiles dont les activités s’exercent principalement dans la sphère informelle.
Pour favoriser la croissance, le maintien de l’emploi et la stabilité des prix dans la zone Cemac, la BEAC en tant qu’entité chargée de définir la politique monétaire a mis en place des mesures d’accompagnement qui au sens de Prince Roluc Bayonne et Yvan N’na Mboma sont largement inefficaces. Ils indiquent à cet effet, que la BEAC a opté pour une solution d’injection de fonds, par le truchement du refinancement des banques primaires à des conditions avantageuses, afin que ces dernières financent à leur tour l’économie par l’octroi des prêts.
Or, pour les deux experts ce dispositif souffre de la trop grande faiblesse de « l’inclusion financière » en zone Cemac. Autrement dit, les difficultés qu’ont les agents économiques à avoir accès aux services financiers à moindre coûts. Ils en veulent pour preuve, le fait que la dernière injection de liquidité de la BEAC n’a pas suscité la frénésie des banques primaires. « C’est la preuve que ce type de mécanismes utilisé pour irriguer financièrement les économies de la zone n’alimente qu’imparfaitement les acteurs de l’économie réelle » soulignent les deux panélistes.
Prince Roluc Bayonne et Yvan N’na Mboma identifient de ce fait, quatre traits déterminants qui freinent la réussite de ce mécanisme : le niveau de croissance au sein de la zone Cemac tributaire du secteur informel, lequel représente près de 55% du PIB en Afrique subsaharienne, le fait que les PME/TPE ont très peu accès aux financements et services des banques classiques, conséquence du fait de leur structuration et des faibles garanties qu’elle peuvent fournir, le niveau de contribution des services financiers informels comme les tontines…
En guise proposition, les experts plaident pour un accès des établissements de micro finances aux financements de la BEAC en cette période du Covid-19. Cela permettra entre autres des accès aux crédités des acteurs du secteur informel et même à de nombreux emprunteurs du secteur formel exclus par la rigidité des banques.
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