Aux élections législatives et locales de 2018, personne ne l’a vu venir. Pourtant, son parti politique, Les Démocrates, qui avait à peine deux ans d’existence, va s’imposer à la surprise générale, dans plusieurs localités du pays. Avec 10 députés et 4 sénateurs à l’époque, le parti de Guy Nzouba Ndama devient la deuxième force politique opposée au Parti démocratique gabonais (PDG). Si l’ancien président de l’Assemblée nationale avait mordu la poussière dans la ville de Koulamoutou, cette déconvenue n’allait pas le freiner dans son ambition pour la présidentielle de 2023.
Profitant de l’isolement de Jean Ping et des difficultés d’Hugues Alexandre Barro Chambrier à s’affirmer sur le terrain, Guy Nzouba Ndama s’affirmait comme le principal adversaire d’Ali Bongo Ondimba en 2023. Il fallait donc « l’éliminer » politiquement avant cette importante échéance. Le régime va, immédiatement, mettre en action ses armes : les nominations au gouvernement et dans l’administration publique des cadors de Les Démocrates. Jean Norbert Diramba devient ministre du Tourisme, Jean-Pierre Doukaga Kassa est parachuté à l’Economie numérique, Martin Moulengui Mabende est propulsé ministre délégué aux Eaux et forêts, Vincent de Paul Ella Menie est catapulté Secrétaire général de l’Oprag.
Entre-temps, sur fond d’instrumentalisation de la justice, le régime fait déclencher des poursuites judiciaires à l’encontre de l’opposant. Nzouba Ndama est condamné, le vendredi 23 décembre 2022, à trois mois de prison avec sursis pour détention illégale de marchandises prohibées. Pis, l’ancien président de l’Assemblée nationale, pour la même affaire, est désormais poursuivi par le tribunal spécial. Laquelle entité le poursuit pour blanchiment de capitaux, intelligence avec une puissance étrangère, association de malfaiteurs et tentative de corruption, il sera jugé par la Cour criminelle spéciale de Libreville.
Une honteuse machination
Si le directoire de la formation politique de l’opposition n’a cessé de dénoncer une honteuse machination contre leur « chef », le régime, lui, ne lâche pas l’étreinte contre l’ancien apparatchik du PDG. Certains militants dans la province de la Nyanga sont harcelés et traqués, pour qu’ils déposent, eux aussi, leur démission. Ce fut le cas, il y a deux semaines, de Marie-France Manomba Boulingui. L’ancienne candidate à élection législative partielle du 29 octobre 2022 a claqué la porte du parti de l’opposition, après avoir été approchée par Pierre-Alain Mounguengui, l’actuel président de la Fédération gabonaise de football, par le hiérarque du parti au pouvoir dans la province.
Et comme si cela ne suffisait pas, dans la même semaine, plusieurs élus de Les Démocrates, dans la Dougni, ont été incarcérés puis relâchés pour une affaire liée à la vente supposée illégale d’une scierie. Face à la pression du régime, Guy Nzouba Ndama tente de garder sa sérénité en réorganisant ses troupes. Après avoir signé le communiqué d’exclusion de Martin Moulengui Mabende, il a organisé, dans les locaux de son parti, à Libreville, un séminaire de formation à l’endroit des secrétaires nationaux. Preuve que l’homme ne se laissera pas faire, il a fait passer un message clair au pouvoir à travers l’intervention de l’honorable Davain Akure à l’Assemblée nationale. « Comptez sur nous, il y aura un changement en 2023 », va déclarer le président d’honneur de Les Démocrates. Mais il reste à savoir si ce changement n’interviendra seulement que par le biais des urnes.
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