Si l’or avait une conscience, il serait sans doute en train de pleurer sur son sort. Arraché aux entrailles gabonaises, transformé dans l’ombre, puis expédié clandestinement à Dubaï, il voit chaque jour sa valeur s’envoler… mais jamais dans les caisses de l’État. Pendant ce temps, la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS) tente tant bien que mal de colmater les brèches d’un naufrage organisé. Dernière prouesse en date : le démantèlement d’une usine clandestine de transformation d’or. Une belle prise, certes, mais qui pose une question cruciale : comment une industrie aussi lucrative peut-elle prospérer sous le nez des autorités sans qu’aucun nez ne se fronce ?
"Les mines nous échappent" : l’audit fantôme du ministère des Mines
L’affaire fait grand bruit sur les réseaux sociaux : la population découvre, une fois de plus, que l’or gabonais ne brille pas pour elle. Pourtant, le ministère des Mines, censé être le gardien du temple, semble briller par son absence. Un audit général du secteur ? Inutile d’y penser. Une politique de contrôle renforcée ? Trop compliqué. Une nationalisation du secteur aurifère ? Quelle drôle d’idée !
À ce stade, il ne s’agit plus de négligence, mais d’un véritable art de l’inaction. Le pillage continu, les campements clandestins prolifèrent, et les expatriés s’enrichissent à la vitesse de l’éclair sous le regard blasé de ceux qui devraient agir.
Des complicités bien huilées ?
Face à un tel scandale, il est légitime de se demander si les véritables filons d’or ne se trouvent pas dans les poches bien remplies de certains décideurs. Car soyons honnêtes : pour qu’une usine clandestine de transformation d’or fonctionne sans encombre, il faut bien quelques complicités stratégiques, des regards qui se détournent au bon moment et des mains qui se tendent sous la table.
Les expatriés qui pillent l’or gabonais ne sont pas des magiciens. Ils ne surgissent pas par enchantement dans la jungle avec des équipements sophistiqués, sans qu’aucune autorité ne s’en rende compte. S’il existe une main noire derrière ce trafic, elle ne se cache certainement pas dans la forêt, mais bien dans les hautes sphères du pouvoir.
Et si on arrêtait de jouer aux aveugles ?
Le Gabon regorge de richesses, mais son peuple demeure pauvre. Un paradoxe qui s’explique par la gestion opaque des ressources minières, la complaisance des institutions et l’absence totale de volonté politique. L’État doit-il rester spectateur d’un pillage organisé ? Jusqu’à quand les Gabonais accepteront-ils d’être dépossédés de leurs richesses sous couvert d’un silence complice ?
Si la DGSS a pu mettre la main sur une usine clandestine, elle pourrait peut-être poursuivre ses investigations… jusqu’aux véritables commanditaires de ce pillage en règle. L’or gabonais a trop longtemps servi les intérêts d’une minorité, il est temps qu’il brille enfin pour son peuple.
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