C’est peu de le dire, le Gabon est plongé dans une crise dans la plupart des secteurs. L’ordre national des avocats n’échappe pas à la chienlit généralisée, puisque depuis l’annulation par le Conseil d’Etat de l’élection de Me Raymond Obame Sima, le barreau du Gabon est sans bâtonnier. Le Gabon est donc dépourvu, jusqu’à ce jour, d’une entité qui assure au quotidien la régulation et l’autorégulation de l’activité d’avocat. A l’extérieur, notre pays n’est plus représenté dans des instances comme l’Union international des avocats, alors qu’il y a encore quelques mois, sous la férule du bâtonnier sortant Me Lubin Martial Ntoutoume, le Gabon a abrité le 35e congrès annuel de la conférence internationale des barreaux (CIB). C’est dire !
Sauf que cette situation honteuse et dégradante pour le Gabon n’émeut nullement la ministre de la Justice. Erlyne Antonela Ndembet-Damas demeure imperturbable, alors que les avocats appellent à la mise en place d’un bureau qui aura, entre autres, pour mission, de gérer les affaires courantes et d’organiser une nouvelle élection du bureau du barreau. « Il faut que la tutelle fasse appliquer l’article 59 de la loi sur la profession d’Avocat qui dispose que ‘’le bureau des élections est présidé par le Bâtonnier sortant sauf s’il est candidat’’ », dégaine un avocat excédé par cette situation. Dans ces conditions, cette mission reviendrait au bâtonnier sortant Me Lubin Martial Ntoutoume.
Il n’en est pas question pour la ministre de la Justice qui cache mal son aversion à l’endroit de l’ex-bâtonnier. Cette dernière préfère garder le barreau dans la paralysie que d’imaginer un retour de Lubin Martial Ntoutoume aux commandes même s’il n’est question que d’une mission intérimaire. Allez-y comprendre.
Me Taty pris dans le piège du désordre
Me Taty, un des instigateurs de la procédure d’annulation de l’élection de Me Raymond Obame Sima, est désormais rattrapé par les conséquences de ce désordre. Suite à des manquements caractérisés au regard de la déontologie et du règlement qui régissent la profession d’Avocat, il avait émis, publiquement, l’idée d’une scission du barreau. Ce, à la suite de quoi il avait écopé d’une suspension d’activité de six mois en mars dernier. Problème, à l’absence d’un bureau provisoire, l’époux du ministre Denise Mekam’ne Edzidzi ne peut être réhabilité et « la procédure qu’il a initié auprès du Conseil d’Etat, s’agissant de l’annulation de la décision de sa suspension, ne peut être étudiée par ce tribunal pour la simple et bonne raison que l’Ordre n’a pas de bureau depuis la destitution du bureau élu », révèle Echos du nord.
« Seul un Conseil de l’Ordre régulièrement assigné à l’audience. Ni un ancien membre du Conseil de l’ordre déchu ne peut être assigné individuellement. Ni même un bâtonnier intérimaire. Tant que le barreau du Gabon sera dépourvu d’instances ordinaires, les procédures initiées par Me Taty ne pourront pas être examinés et sa suspension sera maintenue », révèle un ténor du barreau à Echos du nord. Quel pays !
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