Guy Bertrand Mapangou à la tête de sa formation politique.
C’est sur les rives paisibles de la Ngounié, à Fougamou, que Guy-Bertrand Mapangou, ex-cadre du Parti démocratique gabonais (PDG) devenu chantre d’une prétendue « nouvelle offre politique », a officiellement lancé Le Rassemblement (LR), ce samedi 25 janvier 2025. Entre danses traditionnelles, discours enflammés et grandes promesses, la plateforme a déployé un spectacle bien rodé, digne des meilleurs shows politiques du passé. Mais derrière les envolées lyriques et les appels au patriotisme, un observateur avisé ne peut s’empêcher de se demander : que cache vraiment cette initiative ?
Un ancien du système, un nouveau discours ?
Guy-Bertrand Mapangou, figure bien connue des cercles politiques gabonais, s’est présenté à Fougamou comme un homme nouveau, investi d’une mission quasi-divine de « réappropriation du Gabon par les Gabonais ». Pourtant, son passé au sein du PDG, parti qu’il a déserté récemment, rappelle qu’il fut longtemps partie prenante de ce même système qu’il critique aujourd’hui. Une volte-face tardive qui laisse sceptiques de nombreux analystes.
« Peut-on vraiment se prétendre porteur d’un renouveau politique quand on a été un rouage du système pendant des décennies ? », s’interroge un analyste politique sous couvert d’anonymat. « Ce genre de revirement est souvent plus stratégique que sincère. »
Une plateforme centriste… mais pour qui ?
Mapangou affirme que LR est une structure centriste, unissant des « intelligences venues de tous les horizons ». Cependant, cette prétendue inclusion semble avoir des limites bien définies. La présence d’anciens élus et barons locaux des figures souvent critiquées pour leur gestion douteuse – donne l’impression que LR est davantage une réincarnation du passé qu’un véritable souffle nouveau.
De plus, l’annonce d’un soutien total au président de la transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, est révélatrice. En dépit des éloges dithyrambiques adressés à l’homme fort du 30 août 2023, l’initiative semble plus opportuniste qu’idéologique. En clair, LR pourrait bien être un tremplin pour ses membres, avides de reconquérir les cercles du pouvoir sous un autre étendard.
Un parfum d’illusion collective
Lors de son discours, Mapangou a évoqué la création d’un « nouvel espoir » pour le Gabon. Pourtant, cet espoir s’appuie sur des concepts flous et des promesses creuses, comme le fameux « partage des responsabilités entre toutes les filles et fils du Gabon ». Une idée séduisante en théorie, mais souvent galvaudée dans la pratique. « Ces plateformes surgissent toujours à l’approche des élections. Elles promettent tout à tout le monde, mais finissent par servir des intérêts personnels », commente un autre journaliste politique.
La Déclaration de Fougamou, présentée comme l’acte fondateur de LR, est tout aussi vague. Ses signataires appellent à l’inclusion et au renouveau sans jamais préciser comment ces nobles intentions seront traduites en actions concrètes.
Le miroir aux alouettes électoral
À quelques mois des prochaines élections, LR apparaît comme une tentative de positionnement stratégique dans un contexte politique en mutation. Guy-Bertrand Mapangou semble avoir parfaitement compris les attentes des Gabonais fatigués d’un système sclérosé : discours patriotiques, rejet du passé, promesse d’un avenir radieux. Mais l’absence de propositions tangibles laisse entrevoir une plateforme davantage préoccupée par son avenir politique que par celui du pays.
Alors, Le Rassemblement est-il un mouvement d’avenir ou un énième avatar d’un système qui refuse de mourir ? Le temps – et surtout les urnes – nous le diront. En attendant, les Gabonais, méfiants, observent. Car si les acteurs changent, les scénarios, eux, semblent tristement identiques.
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