Voilà une scène qui pourrait faire sourire si elle n’était pas aussi symptomatique de certaines dérives politiques en Afrique centrale. Depuis ce matin, samedi 25 janvier, une photo fait le tour des réseaux sociaux. Trois jeunes Gabonais, manifestement convaincus que leur sacrifice changera le cours de l’histoire, ont décidé d’observer une grève de la faim dans un lieu tenu secret. Leur revendication ? Forcer le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition, à se porter candidat à la présidentielle du 12 avril 2025.
Oui, vous avez bien lu. Ces trois « héros modernes » ont estimé que priver leur organisme de nourriture était le meilleur moyen de convaincre un homme à la stature de militaire aguerri. Ils se sont allongés sur des tissus à même le sol, une banderole à leurs pieds proclamant : « Grève de la faim pour appeler à la candidature du général Brice Clotaire Oligui Nguema ».
Une farce mal ficelée qui tourne mal
Il fallait oser. Alors que le pays est confronté à des problèmes pressants inflation galopante, gestion difficile des services publics, crises sociales ces jeunes ont choisi de défendre la cause la plus noble qu’ils aient trouvée : assurer que leur « champion » se porte candidat. L’objectif semble tout droit sorti d’un théâtre de boulevard.
Mais le vrai spectacle est sur les réseaux sociaux. La photo a déclenché une vague d’indignation et de moqueries. « Nous sommes en 2025, mais certains sont encore coincés dans les années du culte de la personnalité », commente un internaute. Un autre s'indigne : « Au lieu de mourir de faim pour un homme politique, pourquoi ne pas militer pour des causes réelles comme l’accès à l’eau potable ou l’éducation ? »
Dr Obame Mbegha, célèbre pour ses phrases cinglantes, résume parfaitement l’opinion générale : « Pendant que d’autres luttent pour l’indépendance énergétique, nous, en Afrique centrale, nous voulons mourir si nos présidents refusent de se présenter. »
L’art du soutien maladroit
Ce qui choque le plus, ce n’est pas tant la démarche, mais son absurdité. Vouloir imposer une candidature par la famine relève d’un culte aveugle qui rappelle les pires heures des régimes autoritaires. Les auteurs de cette mascarade ne semblent pas avoir réfléchi aux messages qu’ils envoient : une démocratie où la voix du peuple serait remplacée par l’estomac vide de trois activistes improvisés.
Un internaute, visiblement excédé, suggère une solution radicale : « Mieux vaut appeler la gendarmerie pour dégager tout ce cirque. Et la prochaine fois, qu’ils fassent grève pour des problèmes sérieux, comme la vie chère ou les coupures d’électricité. »
Quand l'ironie frôle l'indécence
Cette affaire soulève une question plus grave : où va le pays si de telles pratiques trouvent écho ? Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, silencieux pour l’instant, se trouve face à une étrange situation. Doit-il saluer ce soutien maladroit ou condamner fermement ces comportements qui mettent en péril la dignité humaine ?
En attendant, les internautes continuent d’alimenter la polémique. Une suggestion revient avec insistance : « Si ces jeunes veulent vraiment se sacrifier, pourquoi ne pas le faire pour des causes qui en valent la peine, comme la lutte contre la corruption ou la défense des droits de l’Homme ? »
En somme, cette grève de la faim restera peut-être dans les annales du Gabon, non pas pour son impact politique, mais pour sa capacité à susciter un mélange de consternation et d’humour noir. À ce rythme, d’autres pourraient bientôt lancer une grève du sommeil pour exiger une baisse des taxes. Car après tout, au Gabon, tout est possible.
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