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Société

Discours incendiaires à l’endroit des ressortissants béninois : "Samy Djo" est accusé de troubles à l’ordre public et d’incitation à la haine

IMG Samy Boucalt, alias " Samy Djo" actuellement gardé à vue.

De la rue aux réseaux sociaux, puis à la justice : le parcours de Samy Boucalt, alias « Samy Djo », s’est brusquement interrompu dimanche avec son interpellation par les forces de l’ordre. Celui qui se présentait comme le « chef d’État-major des Mapanes » à Libreville s’était rendu célèbre par des vidéos virales mêlant intimidation et discours incendiaires, où il sommait notamment des commerçants béninois de « se soumettre à sa loi ».

 

Accusé de troubles à l’ordre public et d’incitation à la haine, Samy Djo est actuellement gardé à vue. Son complice, visible dans plusieurs séquences diffusées en ligne, reste en cavale et est activement recherché. Pour une source sécuritaire citée par Le Confidentiel, le message est clair : « La justice n’a pas de préférence nationale ».

 

Cette arrestation s’inscrit dans un climat plus large de répression des dérives numériques. Après l’affaire des « deux sœurs de Port-Gentil » poursuivies pour diffamation, le pouvoir semble vouloir tracer une ligne rouge : les réseaux sociaux ne sauraient devenir un refuge pour les discours de haine et les pratiques d’intimidation.

 

Du marché d’Issac de Lambaréné aux chancelleries

À l’origine, la tension est née d’un banal différend sur la répartition des places au marché d’Issac à Lambaréné. L’argument avancé par certains acteurs gabonais : dans le cadre de la « gabonisation de l’économie » et des projets de modernisation des marchés, les commerçants nationaux devraient être prioritaires. Une logique économique compréhensible, mais qui, amplifiée par des vidéos et des influenceurs, a dégénéré en querelle xénophobe, chaque camp appelant ses ressortissants à rentrer au pays. Ainsi, un simple incident local a été transformé, via les réseaux sociaux, en un conflit diplomatique larvé entre le Gabon et le Bénin.

 

Le dilemme gabonais : protéger sans discriminer

La question sous-jacente est sensible : peut-on, au nom d’une politique de préférence nationale, fermer certains secteurs d’activité aux étrangers ? La réponse juridique est sans appel : non. Signataire de conventions internationales et se réclamant d’un État de droit, le Gabon a l’obligation de protéger et d’assister toutes les personnes vivant sur son sol, quelle que soit leur nationalité.

 

Cependant, sur le terrain, les frustrations économiques nourrissent un discours de rejet. Certains citoyens estiment que les autorités de transition devraient favoriser d’abord les Gabonais dans l’accès aux places de marché et aux opportunités économiques.

Quand le silence devient lourd

Pendant que les chancelleries s’activent pour apaiser les esprits, une partie de l’opinion publique s’impatiente face au silence officiel des gouvernements gabonais et béninois. Beaucoup redoutent qu’un incident mineur, nourri par les emballements des réseaux sociaux, ne se mue en véritable crise bilatérale.

 

Or, comme le rappelle un analyste politique, « le temps de la diplomatie n’est pas celui des réseaux sociaux ». Mais le danger est réel : à force de laisser enfler la polémique, le risque est d’attiser des tensions intercommunautaires qui dépassent largement le cadre économique initial.

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