Leonnel Nzé Biyoghe toujours en détention préventive à la prison centrale.
À Essassa, le 1er tour des législatives a viré à la farce nationale. Pendant que certains candidats distribuaient des tee-shirts et des billets, Leonnel Nzé Biyoghe, lui, cherchait… ses bulletins de vote. Introuvables. Disparus. Évaporés. Comme par magie ou par “malice administrative”, version tropicale du sabotage politique.
Le Code électoral gabonais, dans son article 82, garantit pourtant à chaque candidat le droit sacré d’être pourvu en bulletins de vote. Mais au pays du “tout est possible”, même la loi peut prendre des vacances prolongées. Les bulletins de Nzé Biyoghe ont dû partir bronzer à la baie des cochons de la bureaucratie. Résultat : un candidat sans bulletins, des électeurs sans choix, et une démocratie sans sourire.
Face à ce scandale de papier, Nzé Biyoghe a dénoncé une mascarade. Une scène surréaliste, digne d’un théâtre de marionnettes : un homme contre un système, seul face à l’absurde. Mais au Gabon, le drame politique finit toujours en comédie judiciaire. L’article 185 du même Code, celui qui sanctionne toute perturbation du scrutin, s’est alors transformé en massue légale. Et paf ! Direction la Prison centrale de Libreville, pour avoir osé troubler le calme plat d’un désordre bien organisé.
Ses excuses publiques ? Rien n’y a fait. Dans la République du pardon sélectif, on pardonne les voleurs de milliards, mais pas les fâchés des bulletins. Comme on dit chez nous : « Quand le crocodile pleure, ce n’est pas pour la grenouille, c’est parce qu’il a encore faim. » Les partisans de Nzé Biyoghe crient à l’injustice. Ils rappellent qu’il n’a pas brûlé une urne, ni frappé un agent, mais seulement exprimé sa colère. Mais dans ce pays, la colère populaire est un crime, la malversation électorale, une coutume.
« Il faut respecter la loi », disent les mêmes qui la plient comme un billet de 10 000. Et pendant que Nzé Biyoghe médite en cellule, les bulletins, eux, courent toujours. Personne ne sait où ils sont passés. Peut-être dans un bureau climatisé, sous la pile des “erreurs de la République”. Peut-être dans la poubelle de la transparence. Ce qui est sûr, c’est que cette affaire a révélé une vérité crue : la logistique électorale gabonaise, c’est un peu comme un plat de manioc sans sauce ça cale, mais ça dégoûte.
Depuis des années, les autorités promettent des élections “modernes, fiables et transparentes”. Mais chaque scrutin ressemble à une répétition générale d’impréparation. À croire que la seule chose bien organisée dans ce pays, c’est le désordre. Comme dit un vieux proverbe fang : « Quand le chien aboie contre le vent, ce n’est pas qu’il est fou, c’est qu’il sent la tempête. » Nzé Biyoghe a simplement aboyé contre le vent de l’injustice, mais voilà qu’on l’a enfermé.
Et pourtant, la vraie question demeure : Comment un candidat peut-il manquer de bulletins dans un État qui se vante d’une “refondation démocratique” ? À moins que cette refondation ne soit qu’une rénovation de façade, où l’on repeint les murs pendant que le toit fuit.
Du reste, aux dernières nouvelles l’affaire Nze Biyoghé a été appelée le lundi 3 novembre puis examinée. Ses avocats ont, sur la forme, soulevé à son profit l’exception de nullité de la procédure et par conséquent demandé la levée du mandat de dépôt décerné à son encontre. Le tribunal qui a pris en compte les arguments de la défense n'a pas statué sur le champ préférant se prononcer sur l’ensemble des moyens soulevés par les avocats lors d'une prochaine audience.
(Affaire à suivre)
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