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Politique

Déclaration du PDG : un retour à l’ordre constitutionnel ou à l’ordre du parti ?

IMG Angélique Ngoma, Secrétaire générale du Parti démocratique gabonais (PDG).

Dans une déclaration teintée d’enthousiasme, Angélique Ngoma, Secrétaire générale du Parti démocratique gabonais (PDG), s’est félicitée samedi dernier de l’annonce par le pouvoir de la Transition de la date de l’élection présidentielle fixée au 12 avril 2025. Ce qui, selon elle, marquerait le début d’un retour tant espéré à l’ordre constitutionnel. Une déclaration qui, sous le vernis de la satisfaction, cache mal les ambitions d’un parti historiquement habitué aux commandes du pouvoir.

 

Le PDG, véritable monument politique au Gabon, s’érige désormais en chantre de la restauration institutionnelle, après avoir lui-même supervisé des décennies d’un ordre constitutionnel bien particulier, caractérisé par une alternance inexistante et un monopole du pouvoir. Ironie du sort ou cynisme assumé ?

 

La révision des listes électorales : un appel opportuniste ?

Angélique Ngoma appelle les "camarades" à s’enrôler massivement sur les listes électorales, oubliant un détail crucial : le PDG lui-même, sous Ali Bongo, est accusé d’avoir contribué à rendre ces listes particulièrement opaques. La révision des listes serait-elle l’occasion pour le parti de corriger ses propres « erreurs » du passé, ou bien est-ce simplement un calcul politique pour préparer un éventuel retour triomphal ?

 

Un raccourcissement du calendrier ou un raccourcissement de la mémoire ?

La Secrétaire générale se félicite du "raccourcissement du calendrier" pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Mais elle oublie que ce calendrier est imposé par les pressions internationales et les attentes d’une population qui réclame, non pas un simple retour au passé, mais une véritable refondation politique. Le PDG espère-t-il que les Gabonais aient oublié les travers d’un régime qui a étouffé les contre-pouvoirs et alimenté une méfiance généralisée envers les institutions ?

 

Une Transition sous tension

La Transition dirigée par le Général Oligui Nguema, présentée initialement comme un "coup de libération", se trouve aujourd’hui à un carrefour critique. L’annonce de la présidentielle du 12 avril 2025 constitue sans doute un progrès, mais les défis restent énormes : garantir un scrutin réellement libre et transparent, rétablir la confiance dans les institutions, et surtout permettre une compétition équitable entre les candidats, loin des logiques de clientélisme et d’influence partisane.

 

Le PDG, quant à lui, ne semble pas avoir renoncé à son ambition de reconquérir le pouvoir. Angélique Ngoma le dit clairement : « Le Parti démocratique gabonais donnera, le moment venu, sa position et son choix de candidat. » Une déclaration qui fait sourire lorsqu’on se souvient des décennies de prédominance où le choix des électeurs n’était souvent qu’une formalité face aux machineries électorales bien huilées du parti.

 

Analyse critique

Ce regain d’enthousiasme du PDG pour l’ordre constitutionnel pourrait être perçu comme un aveu tacite : celui d’un parti qui, malgré sa mise à l’écart depuis le 30 août 2023, n’a jamais cessé de se préparer en coulisses. Les discours d’Angélique Ngoma rappellent que le PDG, en dépit de ses revers, reste une force politique structurée, habituée aux jeux de pouvoir, mais surtout experte dans l’art de se positionner en temps de crise.

 

La question demeure : les Gabonais accepteront-ils de confier à nouveau leur destin au parti de l’ancien régime ? Ou ce discours de réconciliation n’est-il qu’un masque destiné à détourner l’attention d’une population lassée de promesses creuses ?

 

Le scrutin du 12 avril 2025 ne sera pas seulement une élection présidentielle. Il sera le test ultime pour une nation qui cherche à se réinventer. La Transition devra démontrer qu’elle est capable de poser les bases d’une nouvelle ère, où les urnes ne seront plus l’otage des pratiques d’un passé désormais décrié. Et le PDG, s’il veut vraiment jouer sa partition, devra convaincre qu’il a changé ou du moins qu’il a retenu quelques leçons de ses erreurs. D’ici là, la balle est dans le camp des citoyens. Après tout, ce sont eux qui détiennent ou devraient détenir les véritables clés de l’ordre constitutionnel."

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