Que se passe-t-il réellement au sein des régies financières et plus particulièrement au sein des Collecteurs, véritables mamelles de l'Etat ? La question vaut tout son pesant d’or à la lecture du communiqué de la Fédération des Collecteurs des Régies Financières (FECOREFI) annonçant une importante déclaration pour ce vendredi 11 novembre 2022. Déclaration au cours de laquelle a également été annoncée la tenue d’une grande assemblée générale de « décision ». Le bureau fédéral annonce bien « établir les responsabilités quant à la situation qui prévaut actuellement au regard du silence méprisant du Gouvernement. »
De quoi s’agit-il concrètement ?
Pour comprendre ce qui se passe, il est nécessaire de faire la genèse des entourloupes d’un gouvernement responsable de la crise depuis plusieurs années.
En remontant dans le temps, on se souvient qu’en février 2022 le gouvernement avait cru bon de payer aux agents des régies financières 38% de leur Prime à la Performance Budgétaire (PPB). Pour justifier cette décision inique le gouvernement avait sorti le fallacieux prétexte que les agents des régies financières n’avaient pas atteint les objectifs budgétaires assignés aux administrations collectrices. Cet épisode avait entraîné une levée de bouclier.
Immédiatement, la Fecorefi avait démontré que les dispositions des décrets 00428 et 00429/PR/PM du 24 décembre 2020 étaient non seulement inopérantes mais comportaient les germes de leur propre destruction.
A l’application de ces nouveaux décrets, le gouvernement et les partenaires sociaux avaient constaté et pris en charge le stock d’arriéré de Prime Spécifique dû au titre de l’exercice 2021. Le Gouvernement s’était engagé à apurer cette dette en 18 mois. Or, après seulement 2 paiements de cet arrière, il n’y a plus rien.
Après avoir réalisé que la FECOREFI avait vu juste à propos des dispositions des décrets 00428 et 00429, le gouvernement a jugé utile de rectifier le tir afin de ramener l’accalmie au sein des régies financières en abrogeant le décret 00428 et en modifiant le 00429. C’est ainsi que le décret n°0159/PR/PM du 30 juin 2022 rentre en vigueur. Mais seulement, le 2ème trimestre 2022 s’étant réalisé sous l’emprise du 00428 abrogé, la prime spécifique y afférente est due par application du principe de non-rétroactivité des lois.
À ce jour, RIEN ! Silence, les autorités gouvernementales demandent aux agents de circuler car il n y a rien à voir.
Le membre du Gouvernement en charge du Budget et des Comptes Publics et sa collègue de l’Economie et de la Relance semblent bien indifférentes à la situation et à la tension latente qui plonge les régies financières dans un débrayage certain et imminent vue que l’exaspération a atteint son comble.
Les régularisations des situations administratives
A cela s’ajoutent les frustrations dues aux régularisations des situations administratives dont l’échelle de régularisation n’a pas respecté la norme d’ancienneté des agents. « Les bleus » ont été régularisés au mépris de ceux qui cumulent plus de 5, 6 voir 10 ans dans l’informel administratif. Et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour réaliser les objectifs budgétaires.
Questions : si depuis 1 an les partenaires sociaux ne ménagent aucun effort pour tenir leur engagement d’apporter et de maintenir l’accalmie peut-on en dire autant du gouvernement ? Qui va assumer, dans quelques semaines, la responsabilité d’une grève ?
Pas de doutes, pour les partenaires sociaux, le gouvernement va assumer tout seul la responsabilité de cette crise. D’ailleurs, dans leur dernier communiqué la Fecorefi dénonçait le silence et le mépris de l’exécutif. « Au regard du silence méprisant dont il maîtrise seul la technique et la science, nous pouvons aisément conclure que si les régies financières débrayent les seuls à en porter la responsabilité c’est le Gouvernement qui brille par l’empathie et l’indolence. » souligne le bureau de la Fécorefi.
Dans tous les cas, la Fédération des Collecteurs des Régies Financières qui a démontré sa forte capacité à paralyser la chaîne de collecte des recettes budgétaires nécessaires à l’exécution de la vision politique du Président de la République, Chef de l’Etat, compte passer à l’offensif dès vendredi.
Le débrayage est donc imminent.
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