Il fut un temps très bref où Réagir promettait monts et merveilles : réappropriation du Gabon, indépendance retrouvée, reconstruction nationale… Des slogans cousus de fil tricolore qui avaient presque réussi à masquer la misère idéologique. Aujourd’hui, le rideau est tombé, et le spectacle tourne à la farce judiciaire : faux, usage de faux, falsification de cachets... Le parti s’autodévore à coups de procès, de dénonciations et d’immunité parlementaire agitée comme un mouchoir de panique.
François Ndong Obiang et Persis Essono Ondo, les deux anciens bras armés d’un coup d’appareil contre Michel Ongoundou Loundah, se retrouvent désormais au banc des accusés. Ironie mordante : les deux mousquetaires de l’invalidation présidentielle sont rattrapés par les armes qu’ils ont eux-mêmes affûtées. À force de vouloir jouer aux stratèges sans stratégie, ils ont fini par creuser leur propre tombe politique… à l’encre falsifiée.
Et pendant ce temps, Michel Ongoundou Loundah, celui-là même qu’ils avaient écarté sans ménagement du scrutin du 12 avril, revient en justicier autoproclamé. Il ne reste plus rien de la dignité politique, sinon ce théâtre d’ombres où chacun accuse l’autre de trahison, de manipulation, d’escroquerie morale.
Mais au fond, le plus tragique n’est pas dans le scandale judiciaire. Il est dans le fait que Réagir était censé incarner un souffle nouveau, une rupture avec les pratiques anciennes. Résultat ? Des comportements de cour de récréation mafieuse : on falsifie, on exclut, on divise, on fuit, et surtout… on ne reconstruit rien. Même les cendres refusent de se déposer dans ce brasier d’ambitions mal gérées.
Quant à la fameuse "Destinée républicaine" de Persis Essono Ondo, fraîchement créée, elle ressemble davantage à une bouée de sauvetage pour naufragé solitaire qu’à une vision politique. C’est un peu comme repeindre une coque de bateau pendant qu’il coule.
Le tribunal se prononcera dans les prochains jours. Mais la sentence politique, elle, est déjà tombée : Réagir ne réagit plus. C’est un organisme gangrené par ses propres cellules, incapable de porter une voix, encore moins une espérance. Ce n’est plus un parti, c’est une bataille de coqs sans basse-cour.
La vraie question aujourd’hui n’est pas de savoir qui a raison ou tort, mais combien de temps le Gabon devra encore supporter ces expérimentations politiques ratées, ces laboratoires d’ego déguisés en projets de société. La reconstruction attendra. L’indépendance aussi. Le Gabon mérite mieux que ce carnaval d’usurpateurs en quête de légitimité.
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