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Comilog : Grève, milliards et manganèse…la situation se complique pour Léod-Paul Batolo

IMG L’Administrateur directeur général (ADG) de la Compagnie minière de l’Ogooué, Léod Paul Batolo

La Comilog est à l’arrêt. Les machines se taisent, les wagons de manganèse restent immobiles, et les syndicats affichent leur détermination. Depuis le 6 mars, une grève générale secoue l’un des poumons économiques du Gabon, laissant la direction de la filiale d’Eramet et son Administrateur directeur général, Léod-Paul  Batolo,  face à un dilemme : céder aux revendications ou jouer la montre.

 

Un dialogue de sourds en pleine médiation

Officiellement, la grève a surpris tout le monde. Officieusement, c’était un scénario écrit d’avance. Après deux mois de discussions, les syndicats ont claqué la porte, dénonçant des propositions « insuffisantes et méprisantes ». La direction, elle, s’indigne : comment oser paralyser l’entreprise alors qu’un processus de médiation était en cours sous l’égide du ministère du Travail ?

 

La Comilog rappelle que des efforts ont été faits : réajustements de rémunération, amélioration des dispositifs sociaux, le tout dans un cadre de dialogue. Mais derrière ces annonces se cache une réalité plus crue : les négociations ont surtout achoppé sur une demande clé des syndicats, une revalorisation salariale estimée à 12 milliards de FCFA, soit une hausse de 28,9 % des frais de personnel.

 

Trop gourmand, répond la direction, qui assure que ses employés sont déjà payés à 102,1 % de la moyenne nationale et que leur salaire de base s’établit à 86,2 % des standards du marché. Sauf que dans un contexte d’inflation galopante, ces chiffres ressemblent davantage à un artifice comptable qu’à une véritable garantie de pouvoir d’achat.

 

Qui gagne vraiment dans l’affaire ?

La Comilog, avec son chiffre d’affaires astronomique et son rôle clé dans l’économie gabonaise, tente d’endosser le costume du « bon élève de la responsabilité sociale ». Chaque année, 7 milliards de FCFA sont injectés dans le développement local, un chiffre que l’entreprise met systématiquement en avant pour justifier son implication.

 

Mais à Moanda, où les contrastes sont frappants entre les infrastructures minières flambant neuves et des quartiers toujours en proie à la précarité, la pilule passe mal. Si l’entreprise est si engagée, pourquoi les conditions de vie des travailleurs ne suivent-elles pas la courbe ascendante de ses bénéfices ?

 

D’un autre côté, la grève met aussi en péril une mécanique économique bien huilée. Avec 600 milliards de FCFA de contribution annuelle à l’économie nationale, la Comilog pèse lourd dans les finances publiques. Un arrêt prolongé aurait des répercussions non seulement pour l’entreprise, mais aussi pour les collectivités locales et l’État gabonais, déjà en quête de nouveaux relais de croissance.

 

Un bras de fer sous tension

La Comilog brandit la menace d’un impact social et économique désastreux si la grève se prolonge. « Un arrêt de travail prolongé aurait des conséquences majeures pour le Gabon », prévient la direction, en filigrane d’un message clair : si les syndicats persistent, les employés pourraient bien être les premiers à en souffrir.

 

Du côté des grévistes, on assume le risque. Leur argument est simple : tant que l’entreprise affichera une rentabilité insolente, il est légitime d’exiger un meilleur partage des richesses. Car après tout, si le manganèse est bien une richesse nationale, pourquoi ceux qui le produisent devraient-ils se contenter des miettes ?

 

Et maintenant ?

L’impasse est totale. Les syndicats réclament un geste significatif, la Comilog refuse d’ouvrir davantage les vannes, et le gouvernement se retrouve dans un rôle d’arbitre sans réel levier d’action.

 

Qui cédera en premier ? L’entreprise misera-t-elle sur l’épuisement du mouvement, ou finira-t-elle par lâcher du lest pour éviter un blocage prolongé ? En attendant, une chose est sûre : le manganèse ne bouge plus, et avec lui, une partie de l’économie gabonaise reste suspendue au verdict de cette crise sociale.

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