Après des mois de tensions feutrées et de règlements de comptes, la Cour de Justice Communautaire de la CEMAC a tranché : les primes de fin de mandat versées sous Daniel Ona Ondo n’étaient ni un abus, ni une hérésie financière, mais une « pratique coutumière bien établie ». Ainsi, ce qui était présenté comme une « spoliation institutionnelle » par son successeur, Baltasar Engonga Edjo’o, se révèle être une tradition sacrée. Loin d’un simple règlement financier, cette affaire est devenue le théâtre d’un combat d’égo et de privilèges.
Daniel Ona Ondo : le « patriarche » réhabilité
L’ancien président gabonais de la Commission (2017-2023) peut désormais savourer sa victoire. Malgré les accusations de détournement et les critiques sur sa gestion familiale de l’institution, Daniel Ona Ondo est officiellement rétabli dans ses droits. Les primes en question ? Tout à fait légitimes, selon la Cour, qui évoque une tradition si ancienne qu’elle aurait survécu à l’époque glorieuse de l’UDEAC.
Pour Daniel Ona Ondo, cette décision sonne comme une bénédiction tardive : « J’ai simplement perpétué une tradition. Je ne faisais que respecter la culture institutionnelle. » Quant aux critiques sur son mandat, l'ancien président se contente d’un sourire énigmatique : « L’histoire jugera... et apparemment, elle est de mon côté. »
Baltasar Engonga Edjo’o : le champion des scandales
Pendant ce temps, Baltasar Engonga Edjo’o, l’Equato-Guinéen qui avait promis de nettoyer les écuries d’Augias, se retrouve enlisé dans ses propres tourments. Arrivé avec des ambitions de réforme et une volonté affichée de « remettre de l’ordre », il est désormais la cible d’accusations d’autoritarisme, de conflits d’intérêts et, cerise sur le gâteau, des frasques de son fils, Baltasar Ebang Engonga, alias « Bello ».
Surnommé « le prince de la sextape » par la presse, Bello serait au cœur d’un scandale impliquant des centaines de vidéos à caractère sexuel. Une affaire qui, bien que privée, jette une ombre sur le mandat de son père. « C’est une cabale médiatique ! » a rétorqué Baltasar Engonga Edjo’o, oubliant que lui-même n’avait pas hésité à ternir l’image de son prédécesseur pour des primes, finalement validées par la Cour.
Ce feuilleton politico-judiciaire rappelle que la CEMAC, censée promouvoir l’intégration économique, est avant tout un espace de lutte pour les privilèges et la survie des ego surdimensionnés. Pendant que les chefs s’affrontent à coups de jugements et de scandales, les citoyens, eux, attendent toujours des réformes concrètes, coincés dans les dédales des frontières fermées et des économies stagnantes.
Et maintenant ?
Loin de se déclarer vaincu, Baltasar Engonga Edjo’o aurait promis une « réforme totale » pour « moderniser l’institution ». Mais pour beaucoup, cette promesse sonne comme une tentative désespérée de détourner l’attention. Daniel Ona Ondo, de son côté, préfère savourer sa victoire, bien qu’il reste entouré d’accusations de mauvaise gestion. Après tout, comme il l’a confié à un proche : « Peu importe ce qu’on dit de moi, je ne suis plus en poste. »
Dans cette bataille d’élites, une chose est certaine : la CEMAC brille davantage par ses querelles internes que par ses réalisations. Peut-être est-il temps de changer de devise. Au lieu de « Unité et progrès », pourquoi ne pas opter pour « Divisions et privilèges » ? Voilà qui aurait au moins le mérite de l’honnêteté.
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