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Bernard Assum Ndong : " M’accuser d’entraver les travaux de la route de contournement de l’aéroport est un pitoyable mensonge"

IMG Bernard Assum Ndong.

 

Selon l’entreprise GSEZ, c’est vous qui êtes à l’origine du blocage de la livraison du chantier de la voie de contournement de l’aéroport de Libreville. Que répondez-vous à ces graves accusations ? Quelle est votre part de vérité ?

 

Bernard Assum Ndong : J’ai entendu ça. Je l’ai même lu dans les organes de presse de la place. Au départ je m’en amusais comme de toute rumeur loufoque. Et puis, c’est devenu plus sérieux quand j’ai été séquestré pendant toute une journée dans les services de la Contre-ingérences et de la Sécurité le 13 mai dernier. C’est une accusation plus que ridicule. Je voudrais que quelqu’un de GSEZ me montre une image, une correspondance, ou publie un acte que j’aurais posé pour entraver les travaux ou les gêner sur le terrain. Ça n’existe pas. Nous sommes en plein dans la situation où le président du CTRI a exigé de toutes les entreprises qui ont pris de l’argent de l’Etat qu’elles finissent les travaux pour lesquels elles ont été payées sous peine de prison. Les dirigeants de GSEZ ont probablement pris peur face à cette injonction associée à leur incapacité de s’exécuter. Pour justifier leur manquement, ils se trouvent un bouc émissaire idéal : Bernard Assum Ndong. Pourquoi ne disent-ils pas simplement que le blocage actuel vient des employés d’AFCON qui sont en grève depuis des mois pour non-paiement des salaires ? Pourquoi ne disent-ils pas plus honnêtement que la zone marécageuse qu’ils doivent franchir pour rejoindre la voie express, la plus inexploitable à ce jour parce que je ne l’ai pas remblayée, nécessite de très lourds investissements supplémentaires mal évalués au départ mais qu’il faut obligatoirement trouver en complément ? Je sais de quoi je parle pour avoir acquis cette zone en 1994 et avoir viabilisé les ¾ de ce terrain sur lequel la voie de contournement a d’ailleurs déjà largement empiété du côté de l’aéroport. J’y ai été amputé d’un hectare et demi sans que je ne me sois opposé physiquement. Je le redis, cette accusation est ridicule, pitoyable. Elle relève plutôt de l’explication puérile face à l’impatience légitime du CTRI. Ce que je reconnais, c’est que comme tout Gabonais respectueux de la République et de ses Institutions, une fois que j’ai été informé et constaté que la voie passait sur ma parcelle, j’ai porté une revendication de dédommagement devant les tribunaux et je me suis arrêté là. De ce point de vue et à ma connaissance, GSEZ n’a reçu du tribunal aucune sommation à cesser les travaux du fait de ma plainte. Rien ne l’empêche donc de les continuer puisque je peux toujours être dédommagé par l’action judiciaire même après le passage de la voie. Dans tous les cas, je suis un citoyen qui use des moyens légaux mis à sa disposition pour défendre ses droits. On ne peut pas me le reprocher.

 

 Vous revendiquez, disent-ils, être le propriétaire d’une parcelle située dans la zone dite « zone forêt inondée » se trouvant quasiment dans l’emprise stratégique de la voie. Pour cela vous exigeriez d’être dédommagé en raison de nombreux investissements. Mais selon l’ANUTTC, vous n’êtes pas le propriétaire de cette parcelle. Avez-vous des documents qui prouvent le contraire ?  

 

 (Eclat de rire) Une autre affirmation ridicule. J’aimerais dire au responsable de l’ANUTTC qui avancent cette ineptie qu’une administration ne se gère ni par le mensonge, ni par le déni des actes qu’elle a déjà pris. Je n’aimerais pas être honteux à sa place quand vous allez publier le titre de propriété et les autorisations de construire qui m’ont été délivrés par ses services et par son prédécesseur. Regardez d’ailleurs la pancarte annonçant les travaux qui a été placée sur la voie express à côté de ma concession. Elle indique clairement par sa position et son orientation qui évitent le mur d’enceinte que ma parcelle n’est pas concernée. Et puis, pensez-vous objectivement qu’un terrain vague puisse être l’objet d’un litige de propriété bloquant entre un particulier et l’Etat ? Je n’ose pas aller plus loin sur les motivations réelles d’une telle affirmation qui amène un service de l’Etat à se déjuger publiquement. Ça ne fait pas très sérieux.

 

Curieusement d’ailleurs, quand j’ai été séquestré la semaine dernière au B2, ce n’est même pas mon titre de propriété qui était remis en cause. Je me suis laissé plutôt dire par le Commandant Roland Moussavou que l’entreprise SOCOBA qui est venue solliciter ce marché et que j’ai payée niait y avoir effectué des travaux. Au-delà de la manière cavalière et peu orthodoxe utilisée pour que je me retrouve dans son bureau, au-delà du fait que contrairement à ce qui s’est passé à la DGR où j’ai également été convoqué et entendu pour la même affaire, je n’ai vu ni signé aucun Procès-verbal d’audition, au-delà du fait que j’ai été retenu pendant neuf heures ponctuées d’échanges verbaux au B2 sans aucune trace consignée de mes déclarations, au-delà de la surprise d’apprendre que M. Baloche, le Directeur Général de SOCOBA niait mes factures, au-delà de voir se présenter à moi un Indien se disant Directeur Général de cette SOCOBA sans la basique identification, le plus révoltant restera d’apprendre du Commandant Moussavou que je devais monnayer ma liberté contre la signature d’un engagement à "ne plus" empêcher la poursuite des travaux. Naturellement cette formulation qui ressemblait plus à une renonciation à mes droits ne me convenait pas puisque je ne l’ai jamais fait. Finalement et difficilement, nous sommes tombés d’accord sur une articulation plus réaliste qui remplaçait le "ne plus" par un "ne pas", nous ramenant à la case départ, au statu quo. Du reste, ce document ne m’est même pas opposable puisque signé sous la contrainte (sourire). Voilà où nous en sommes de ces accusations fantaisistes, mensongères, plus déraisonnées et pleines d’intimidations que de faits réels.

 

 Concrètement, qu’est-ce que vous réclamez à GSEZ Airport pour mettre fin au litige ?

 

 Je n’ai aucun litige avec GSEZ et je n’ai personnellement rien à leur demander d’autre que de se conformer à la loi 6/61 du 10 mai 1961 relative à l’expropriation en République gabonaise. Quand ils faisaient encore mine de vouloir traiter le dossier de manière légale, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. Nous avons visité le site ensemble et je leur ai expliqué que le terrain n’est exploitable aujourd’hui que parce que j’y ai consacré trente ans de gros sacrifices en remblais et stabilisation du sol avec l’appui technique de SOGEA/SATOM et de SOCOBA. Je leur ai fait comprendre que me le reprendre induisait légalement un dédommagement conséquent. Ce qu’ils semblaient trouver logique puisque d’emblée, ils m’ont proposé eux-mêmes une compensation de 2 milliards que je leur ai promis étudier. Ils sont repartis pour ne plus m’offrir ensuite que 12 ridicules millions pour les arbres. J’ai tout naturellement rejeté cette proposition. Depuis, ils sont sortis des radars et je ne les revois soudain que par cette accusation inventée. Vous savez, je viens de lire le rapport d’une commission d’enquête parlementaire qui s’est penchée sur la privatisation de la SNBG. Il y est révélé que le rôle de GSEZ et les moyens qu’elle a utilisés pour prendre le contrôle de ce fleuron de l’économie gabonaise ne font pas grand cas des lois et règlements en vigueur. Bien au contraire ! Les huit députés ayant participé à l’enquête recommandent même à l’Etat d’engager des poursuites judiciaires contre les intervenants au processus et de diligenter un contrôle fiscal sur cette entreprise.

 

Ce que je veux dire et je vais finir par-là, c’est que certaines entreprises se sont tellement habituées au hors-piste qu’elles en ont fait un mode de fonctionnement normal. Elles l’ont pratiqué soit par l’intimidation, soit par la délation, soit en surfant sur la peur du pouvoir dont elles étaient proches, soit encore en instrumentalisant par intéressement les agents des administrations qui intervenaient dans leur processus d’évolution. Nous sommes en plein dedans. On tente aujourd’hui de faire croire au peuple gabonais que je suis ce citoyen qui se croit plus puissant que le président de la République au point de bloquer un chantier qu’il a initié. Ils veulent pousser le chef de l’Etat à prendre la mouche, à se sentir défié pour qu’il engage par réaction une action qui les sorte de la légalité. Ou encore on utilise les services de l’Etat avec des complicités internes pour effectuer des passages en force en écrasant les moyens légaux prévus pour les résultats qu’ils souhaitent. Pour revenir sur mon cas personnel, vous noterez par exemple qu’il est étonnant et même excessivement rare, que l’Etat confie au même moment une enquête sur la même affaire à la DGR et au B2 qui sont deux services différents. Certains compatriotes, certaines entreprises n’ont visiblement pas compris que nous sommes rentrés dans une ère nouvelle depuis le 30 août dernier, qu’il est du devoir de tous et de chacun de nous mettre à jour, en marge des mauvaises pratiques qui ont détruit les chances d’avancée du pays. Ces pratiques s’appellent la corruption, l’intimidation à profit, la concussion et le non-respect des lois, le harcèlement des citoyens. Ce n’est que comme ça que l’honneur et la dignité des Gabonais seront restaurés comme le veulent les autorités nouvelles du pays. Faire autrement, c’est détruire les ambitions de normalisation du CTRI.

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2 Commentaires

nxILXRGW - May 26, 02:54

wDlAyuing

nxILXRGW - May 26, 02:54

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