Le bassin versant n'est toujours pas livré alors que la société a été épinglée pour des surfacturations.
Quatre membres d’une famille viennent de succomber à la suite d’un éboulement de terre au PK8. Un drame qui a relancé la problématique de l’absence d’infrastructures d’évacuation des eaux dans la capitale. Le bassin versant de Terre Nouvelle, projet visant à répondre à cette problématique n’est toujours pas livré. Pire, l’audit mené par la Task-force a fait état de surfacturation de l’ordre de 27 milliards de Fcfa de la part de la société française Sogea-Satom. Suite de l’investigation rendue publique par nos confrères de La Cigale Enchantée.
Yliane Bitole
Ils avaient tout intérêt à le faire tomber. Pierre Duro constituait désormais une menace pour les majors des travaux publics français, pour qui le Gabon est devenu, au fil des ans, une vache à lait. Dans le lot des dossiers, ayant fait l’objet d’une mission d’audit de la part de la Task-Force, figure le projet du bassin-versant de Terre Nouvelle et des lotissements Opus One de Bikélé. Les travaux sont confiés à la société française Sogea-Satom.
Les aveux de Denis Virgile qui épinglent Sogea-Satom
La Task-Force, au regard de nombreux actes de surfacturation et de travaux non-réalisés, va, immédiatement, bloquer la suite du projet, afin d’y voir clair. Lors des auditions, la Task-Force va, par exemple, découvrir que l’entreprise Sogea-Satom s’est fait rémunérer 1 milliard 651 millions 640 mille 400 Fcfa pour les frais de prolongation de délais du chantier. Ce, alors qu’aucune disposition n’indiquait cela dans le contrat signé entre l’Etat gabonais et la société française. « Cette disposition n’est prévue nulle part dans le contrat », va indiquer Denis Virgile dans le procès-verbal d’audition. Celui qui occupait le poste de Directeur général par intérim de Sogea-Satom va reconnaître, lors de son audition par la Task-Force, qu’il y a bel et bien eu des surfacturations.
Trafic d’influence et pression sur le régime de Libreville
Sa société épinglée par la Task-Force, Jean-Michel Guelaud, le président de Sogea-Satom, va se lancer dans une forme de trafic d’influence auprès des autorités gabonaises, afin d’obtenir d’elles le limogeage de Pierre Duro de la tête de la Task-Force. Dans une correspondance datant du 20 septembre 2022, qu’il rédige, depuis la France, dont la Cigale Enchantée a pu obtenir copie, Guelaud écrit à la Première ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, en indiquant : « […] Nous nous permettons de solliciter votre intervention, afin que soit désigné un nouvel interlocuteur objectif, compétent et soucieux de l’intérêt général, de façon à permettre de continuer cette séquence ; […] faire en sorte que nos sociétés puissent reprendre les chantiers ». Non sans relever dans la même correspondance qu’aucune « infraction, ni déclaration frauduleuse opposable à nos sociétés n’avait été démontrée ».
Et de poursuivre : « Malgré les instructions du Président de la République, Chef de l’Etat, son Excellence Ali Bongo Ondimba, les travaux de ce chantier prioritaire ont été suspendus, depuis juin dernier, sur décision unilatérale de la Task-Force Finex. De mai 2022 à juillet 2022, de nombreuses séances de travail, des contrôles des douanes et des auditions à la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire ont eu lieu à l’initiative du chef de la mission de la Task-Force Finex. A maintes reprises, durant cette période, de graves accusations ont été portées contre nos sociétés, leurs collaborateurs, leurs dirigeants, complétées par de nombreux messages outranciers, voire diffamatoires émanant du chef de mission ».
La suite de l’affaire est connue de tous, un mois après ce courrier, la Task-Force est dissoute, alors qu’aucune poursuite judiciaire n’est engagée contre Sogea-Satom.
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