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Politique

(Tribune Libre) Place des gabonais d’adoption dans les hautes sphères décisionnelles : le clan d'Ali Bongo a tort

IMG Télesphore Obame Ngomo, Journaliste.

(*) Par Télesphore Obame Ngomo

 

Depuis quelques semaines, le débat sur la place des gabonais d’adoption dans les hautes sphères décisionnelles du pays ne cesse d'enfler et d’agacer un nombre considérable de gabonais de souche. A la veille des élections générales dans notre pays, il faut craindre que cet argument de campagne bouscule très sérieusement la majorité au pouvoir.

 

En effet, ce problème posé accable fortement le président de la République qui tend à exceller dans sa préférence surdosée pour les étrangers dans les hautes sphères décisionnelles du pays. Pour beaucoup, cette situation relève désormais de la provocation ou de la pathologie. Car, avec tout ce qui a été dit sur la Légion étrangère, Maixent Accrombessi et compagnie, lors du premier septennat, Ali Bongo ne pouvait plus se permettre ce type de faute qui frustre le plus grand nombre du peuple gabonais sauf si l’objectif visé est de défier ou d'humilier les gabonais de douche. Drôle de projet tout de même.

 

En d’autres termes, cette situation est tellement néfaste pour la paix sociale qu’on peine à comprendre (1) l’entêtement du pouvoir d'Ali Bongo à continuer dans cette direction, (2) l’aplatissement des parlementaires devant une telle situation et (3) la complicité voire l’incapacité des forces de sécurité et de défense à faire régner un véritable esprit patriotique dans notre pays.

 

Le cas Ousmane Cissé à la Société d'Eau et d’Énergie du Gabon (SEEG) prouve bien que lorsqu’un corps n’accepte pas une greffe, il la rejette. Autrement dit, si les députés et les sénateurs de notre pays, sensés défendre les intérêts du peuple gabonais, arrêtaient de se comporter comme des collabos face à cette hégémonie des étrangers incompétents dans les hautes sphères décisionnelles du pays, Ali Bongo Ondimba aurait pu comprendre l’électrochoc suscité par ses choix hasardeux ou son ambition inavouable.

 

Mais hélas, telles des serpillières corvéables à souhait, ils acceptent l’intolérable au nom de leurs minables intérêts éphémères couvrant de honte leurs noms et leurs familles pour la postérité. Et dire que l’histoire du monde entier est riche d’exemples dans le traitement infligé aux traîtres de la République encore appelés collabos.

 

Qu’est-ce qui empêche le Président de l’Assemblée nationale ou celui du Sénat de s’indigner face au viol public qui est fait à la République ? Pourquoi acceptent-ils, publiquement, de s’inscrire dans le projet de celle qui a dit qu’elle encule la République à Ryad et qui semble régenter l’État aujourd’hui ? Chacun répondra devant l’histoire.

 

A la vérité méritée par le peuple gabonais, il faut dire que, si le concept « Tout sauf les Fang » (TSF) attribué à Guy Nzouba Ndama reste à vérifier, son combat ou son refus de l’hégémonie de la Légion étrangère au sommet de l’État est une réalité vérifiable. Au nombre des raisons qui expliquent son divorce politique avec Ali Bongo Ondimba, on compte ce fait d’arme. D’ailleurs, en 2016, il en avait fait un argument de campagne qui passait bien dans l’opinion publique.

 

Avec la campagne ou la cabale qui est faite contre l'overdose d’étrangers incompétents au sommet de la République, l’absence de résultats faisant foi, le pouvoir d'Ali Bongo Ondimba tend à commettre la même erreur que Valéry Giscard d’Estaing en 1981 dans l’affaire des diamants de Bokassa.

 

Face à ce problème sérieux posé à la veille de l’élection présidentielle de 1981, l’adversaire de François Mitterrand avait répondu « il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison ». L’histoire nous révèle que, malgré son bilan politique vendeur, c’est bien Valéry Giscard d’Estaing qui avait connu sa mort politique après cet épisode. Dès l’instant où il y a une incohérence entre l’image qu’on veut renvoyer dans l’opinion publique et les actes qu’on pose, on ne peut plus être suivi, on n’est plus du tout crédible.

 

En d’autres mots, la meilleure manière de tuer un Homme en général, et politique en particulier, c’est de pointer ou de révéler ses contradictions.

Valéry Giscard d’Estaing voulait être présenté comme un président de la République propre, loin des affaires de corruption et autres. Lorsqu’il est révélé cette affaire sale, les Français humiliés et trompés, ont dit non et stop à son bail à l’Elysée.

 

Aussi, comment le Président de la République gabonaise peut encore prétendre aimer le Gabon en voulant à chaque fois le diriger sans les gabonais mais avec des charlatans étrangers? Nelson Mandela avait été clair lorsqu’il disait « Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est contre moi ». Les faits aujourd’hui le démontrent avec l’enrichissement insolent et injustifié des étrangers incompétents au sommet de l’État qui, rappelons-le, ont des pays d’origine ou de rechange.

 

Avec cette affaire des étrangers incompétents au sommet de l’État, qui peut encore faire le procès de la France ? Qui pourra encore dire que c’est elle qui serait à l’origine du malheur des gabonais quand elle-même elle a été préférée à l’Angleterre et au Commonwealth ? Il revient à chacun d’assumer ses choix à l’heure du bilan. Si dans les pays francophones, les élections présidentielles excellent dans l’art de la gonflette, dans les pays du Commonwealth cela est extrêmement rare. La fin de la Françafrique a un prix. Nous y serons bientôt.

 

C’est pourquoi, Ali Bongo Ondimba et les siens ont tort de sous-estimer le débat en cours sur la place insultante des étrangers incompétents dans les hautes sphères décisionnelles du pays. On ne peut construire, à la veille des élections générales, surtout présidentielle, un narratif qui fédère la majorité des gabonais quand, dans son camp, on compte un « candidat » (1) fragilisé par la maladie, (2) un président de la République emprisonné par sa maisonnée qui ne cache même plus son imposture, sa méchanceté et son incompétence, (3) quand on observe un bilan négatif et difficile à vendre auprès des gabonais, impatients, désespérés mais déterminés à imposer un mieux-être, (4) quand on expose et on explose en permanence sa propre majorité et ses différents soutiens, et quand enfin (5) la raison d’État est une notion étrangère voire inconnue de ceux qui prennent les décisions importantes pour le compte du Gabon.

 

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il ne sera nullement surprenant que la violence des débats et les contentieux préélectoraux ramènent sur terre ceux de la maison du chef de l’État qui pensent que l’élection présidentielle est jeu d'esclavagistes en mal de sensation. Or c’est l’occasion, par les différents cercles d’influence dans le pouvoir, de voir dans quelle mesure leurs intérêts seront les mieux garantis. De ce pas, ils se mobilisent pour défendre ce qu’ils considèrent comme étant à eux ou qui participent à leur bien être.

 

Dans le cadre du pouvoir au Gabon, quel est l’intérêt pour le clan Téké de défendre un pouvoir pour lequel ils sont devenus étrangers, inexistants ?  Quel est l’argument qui peut amener les cadres ou les enfants du Haut-Ogooué à se mobiliser quand désormais les collégiens du bord de mer les préfèrent aux étrangers incompétents ? Quels sont les éléments qui motiveront l’aînée des Bongo Ondimba et ses ramifications familiales insoupçonnées à soutenir une affaire aux codes inconnus ? Quel est l’intérêt pour les militants du Parti Démocratique Gabonais (PDG) de croire à un pouvoir qui leur sert sans cesse ingratitude et égoïsme ?  Que peuvent faire les frères de lumière lorsque le maillet est mal tenu et que les travaux sont sans cesse dirigés par des profanes incultes ?

 

Quel est l’intérêt pour les chefs d’État de la sous région d’avoir pour interlocuteurs des imposteurs irrespectueux ? Que pourront faire la France et l'Occident lorsque le pouvoir d'Ali Bongo choisit de s’allier à leurs ennemis et leurs adversaires? Quel est l’intérêt pour le peuple gabonais de laisser au pouvoir des gens qui ne s'inscrivent pas dans le Gabon d’abord des pères fondateurs de notre État? Quelles sont les raisons qui peuvent conduire les institutions diverses à verser dans une certaine « partialité » guidée par l’histoire et les émotions quand elles ne sont ni respectées, ni considérées et encore moins écoutées ?

 

Ali Bongo et sa maisonnée ont tort de sous-estimer le débat sur la place des étrangers incompétents au sommet de l’État. Jean Marie Lepen avait été clair et aucun gabonais sérieux ne dira le contraire quand il affirmait « je préfère mon fils à mon neveu, et mon neveu au fils du voisin ».

 

L’élection présidentielle à venir s’annonce très difficile car, pendant qu’un grand nombre de gabonais combattra le régime en place, beaucoup, dans le pouvoir, auront pour adversaires à chasser, la maisonnée du président de la République. Au final, c’est Ali Bongo qui en sera le grand perdant. Toutes ces foires et autres tournées républicaines, on sait tous désormais où elles conduisent. Où est la sincérité de ceux qui accompagnent Ali Bongo lorsqu’à la fin de la journée ce sont des étrangers incompétents et la maisonnée du président de la République qui prendront des décisions aussi tordues les unes que les autres ?

 

C’est maintenant un média étranger qui annonce la date de l’élection présidentielle dans notre pays. Et Jessy « Ella Ekoga » n’est pas sacrifié. Ghislain Ngoulou convoque des présidents d’institutions, et cela paraît normal. Sur une photo publiée par les services de communication de la présidence de la République, Lucie Milebou, la Présidente du Sénat est à terre avec son écharpe de président de ladite institution, quand sa Secrétaire, épouse de Ghislain Ngoulou, pose debout à côté du chef de l’État. Quelle honte ! Qui imagine la Présidente de la Cour Constitutionnelle dans une telle posture légère et ridicule ? C’est vraiment la personne qui donne du poids à sa fonction.

 

Mohamed Ali Saliou, l’électricien du bord de mer, se transforme en chauffeur du président de la République, cela ne choque pas les chefs de corps chargés de la sécurité du chef de l’État et du respect de l’ordre public. À quel moment certains comprendront qu’un pays ne marche pas sur la tête ?

 

(*)Président de l'OPAM

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