En 2020, la survenance du covid-19 a été le fait générateur de l’une des pires crises économiques que le monde ait connu au cours des deux derniers siècles. Le Gabon n’a pas été épargné. Sur le plan économique, le pays est rentré en récession en 2020 avec une croissance négative de 1,8% avant d’en sortir en 2021 (+1,5%). Sur le plan social, la situation de l’emploi déjà peu reluisante s’est dégradée davantage en particulier chez les 15-24 ans dont le taux de chômage est passé de 36,5% en 2019 à 38,2% en 2020 selon l’OIT, l’un des taux les plus élevés en Afrique.
Alors qu’on imaginait une année 2022 plus apaisée, un conflit d’ampleur a éclaté à l’Est de l’Europe entre la Russie et l’Ukraine. Même si ce conflit se déroule bien loin de nos frontières et qu’il ne constitue guère une priorité pour les Gabonais, plus préoccupés par les tracas de leur quotidien, il ne manquera pas d’avoir des répercussions sur l’économie de notre pays.
Tout d’abord, l’attaque de l’Ukraine par l’armée russe et les sanctions internationales prises dans la foulée par les pays occidentaux ont favorisé une importante hausse des cours des matières premières, en particulier du pétrole, qui représente 71% des exportations du Gabon. Cette hausse inattendue permettra au gouvernement de disposer de bien plus de recettes budgétaires que ce qu’il avait initialement anticipé. En effet, la loi de Finances 2022 a été construite sur la base d’un prix moyen du baril de pétrole gabonais de 60 USD. Or, le prix moyen du baril constaté sur les marchés depuis le 1er janvier est plutôt proche de 100 USD.
Il y aura donc une plus-value pétrolière que le Gouvernement pourrait utiliser pour financer des dépenses de fonctionnement, assurer le remboursement anticipé de la dette publique ou financer des dépenses d’investissement. Pour ma part, je suggère d’utiliser l’excédent des recettes pétrolières pour le financement de projets structurants d’infrastructures susceptibles de relancer la machine économique d’une part et pour apurer la dette intérieure afin de redonner aux entreprises locales des capacités pour investir, recruter et se développer d’autre part. L’investissement public et la croissance de l’activité des entreprises locales sont les deux jambes sur lesquelles devrait reposer la relance économique du pays.
Avec le conflit russo-ukrainien, les échanges commerciaux entre le Gabon et ces deux pays seront perturbés. Si le volume des échanges entre le Gabon et l’Ukraine est négligeable, les échanges commerciaux Gabon-Russie ont atteint 40 milliards XAF en 2021 avec un excédent commercial d’environ 15 milliards XAF pour le Gabon. A titre de comparaison, les échanges commerciaux Gabon-Chine en 2021 étaient d’environ 2 000 milliards XAF, ce qui relativise le poids du commerce Gabon-Russie. Le Gabon exporte vers la Russie principalement du manganèse et des produits dérivés et plus accessoirement du bois. A l’inverse, notre pays importe principalement de Russie des produits alimentaires notamment du blé, du méteil (mélange de plusieurs céréales et légumineuses) et des abats de poulet.
Concernant les exportations gabonaises de manganèse vers la Russie, l’impact sur la filière gabonaise devrait être négligeable. Les quantités de minerais exportées vers la Russie étant relativement faibles, les sociétés minières n’auront pas de mal à trouver sur le marché des clients de substitution si cela s’avérait nécessaire. Par ailleurs, la hausse de la production de manganèse entamée depuis quelques années permettra d’assurer la résilience de la filière (effet volume). Cependant, la hausse des coûts logistiques et de transport demeurera certainement un point d’attention pour les dirigeants d’entreprises minières.
Concernant les importations gabonaises de produits alimentaires depuis la Russie, il convient tout d’abord de rappeler que la survenance du conflit entre l’Ukraine et la Russie a ravivé les tensions inflationnistes observées dans de nombreux pays dès le l’année 2021. Loin d’avoir atteint l’autosuffisance alimentaire, le Gabon, dépendant de ses importations, sera très probablement affecté par ces hausses de prix, en particulier si le conflit devait durer. Cette situation devrait interpeler le Gouvernement sur l’urgence d’assurer la sécurité alimentaire de la nation en produisant sur place les produits de notre alimentation courante. Cela nécessite de mettre l’agriculture au centre de notre stratégie de développement et d’engager les investissements indispensables à l’éclosion de ce secteur. Plus que jamais, le Gouvernement gabonais doit choisir entre le champagne pour quelques-uns et de la nourriture pour tous, peu importe le contexte international. russo-ukrainien : sur l’économie du
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