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Tribune Libre : «Ceux à qui s’adresse notre indignation, ce sont les membres d’une certaine légion étrangère qui concourt à votre maintien au pouvoir… »

IMG Étienne Francky Meba Ondo

(*) Par Étienne Francky Meba Ondo

 

 

 A Madame Sylvia Bongo Ondimba, au sujet d’une prétendue xénophobie des Gabonais… 

Chère Madame,

Comme nombre de nos compatriotes, j’ai lu votre dernière sortie qui constatait la montée d’un climat prétendument xénophobe dans notre pays. Soit. Nous sommes nombreux à nous étonner du caractère sélectif et partisan de vos prises de parole sur l’actualité nationale.

 

Avant donc de vous attaquer supposément aux conséquences, quelles sont les causes de la colère de ces compatriotes accusés de relents dits xénophobes ? Qui vous a entendue lorsque des Gabonais sont  « chassés » de leurs terres par des expatriés ou ceux ayant acquis la nationalité gabonaise par des manigances orchestrées entre la présidence de la République, le Gouvernement et les administrations ?

 

En parlant de nationalité et d’ouverture, les Gabonais sont hospitaliers. Nous voyageons et nous avons rarement vu des Gabonais se permettre autant de libertés à l’étranger que ce que nous observons au Gabon. Regardez les abords de nos routes, l’occupation de l’espace dans nos marchés, les carrefours (IAI, Charbonnages, Nzeng-Ayong…), les vendeurs ambulants sur les chaussées, sont-ce principalement des Gabonais ? Ce désordre entre vendeurs fuyant la Police et autres installations anarchiques, est-ce normal ? En parler, c’est être xénophobe ?

 

J’ai passé un court séjour dans un cabinet ministériel. Les marchés publics sont principalement confiés aux expatriés ou à ces Gabonais nouvellement naturalisés. Pendant que des entrepreneurs Gabonais sont snobés ou accusés de financer l’opposition. 

 

En parler, c’est être xénophobe ? 

 

Dois-je vous rappeler qu’il existe un visa d’opportunité et de conformité à la présidence de la République pour tout projet financier à initier dans les ministères ? Et qui trouve-t-on à la présidence de la République pour validation ? A vous d’y répondre. 

 

Où sont Accrombessi et Liban Souleiman ? Où sont tous les directeurs expatriés à qui monsieur Ali Bongo Ondimba avait confié la gestion de l’Agence Nationale des Grands Travaux ? Sont-ils au Gabon ou de retour en Occident ? Et pourquoi cette agence, qui a englouti des milliards de FCFA, a-t-elle été supprimée sans faire de bilan ?

 

On ne doit pas en parler ? C’est être xénophobe ?

 

Quand vous êtes allés rattacher le Gabon au Commonwealth, était-ce une demande populaire, le résultat d’un référendum ? Ou bien la volonté de votre groupuscule qui ensuite se permet de modifier nos lois, les codes civil et pénal pour nous imposer des modèles de société importés sans tenir compte de notre environnement culturel national ?

 

Rappeler tout ceci, c’est être xénophobe ? 

 

Madame Sylvia Bongo Ondimba, 

Vous aimez le Gabon mais sans les Gabonais et ce qu’ils sont ? C’est cela ? Au point de penser à notre place et nous imposer le type de société qui correspond à votre milieu comme à l’époque des missionnaires venus évangéliser les villageois que nous sommes ? Ceux qui, apparemment, ne comprendraient rien à votre lecture de la mondialisation et ses valeurs, notamment l’homosexualité et l’égalité des genres à toutes les sauces ? 

 

Dites-moi, madame Sylvia Bongo Ondimba, 

Après toutes ces années passées au Gabon, laquelle de nos langues parlez-vous ? Vous qui aimez tant le Gabon pour jouer les premiers rôles ? Je veux savoir parce que le français et l’anglais ne sont pas nos langues. 

 

En dehors des ors du Palais, et vos campagnes sociales de politique politicienne à l’endroit des Gabonais que votre époux-président maintient dans la misère, le « kounabélisme » et l’ « okoukoutisme », qu’est-ce qui vous rattache à notre pays ? Y vivriez-vous sans être au Palais ou retournerez-vous en France, au Morac ou à Londres ?

 

Contrairement à ce qui se lit entre vos mots, nous vivons en paix au quartier ici avec les autres communautés étrangères amies. Dans nos familles, nous avons des enfants nés de parents étrangers. 

 

Ceux à qui s’adresse notre indignation, ce sont les membres d’une certaine légion étrangère qui concourt à votre maintien au pouvoir contre la volonté majoritaire des Gabonais exprimée dans les urnes. Ce sont ceux qui trônent à la présidence de la République, au Gouvernement et dans nos administrations uniquement pour piller notre pays et, donc, pour l’argent du Gabon.

 

Oui, nous avons besoin des communautés étrangères pour développer notre pays. Mais nous constatons simplement que celles et ceux promus par votre époux-président n’y contribuent réellement pas. Soit de leur propre gré, soit parce qu’ils se rendent complices de votre gouvernance bancale au sommet de l’Etat.

 

Dans aucun pays sérieux, une première dame qui n’a aucun statut constitutionnel ne co-préside de réunion avec les membres du Pouvoir Exécutif, notamment le Premier ministre. Vous, Madame Sylvia Bongo Ondimba, êtes coutumière du fait. Nous n’avons donc aucune leçon à recevoir de vous et de ceux qui méprisent le vote des Gabonais et les lois de la République.

 

En 2023, au terme des élections, nous continuerons de vivre en paix avec toutes les communautés étrangères amies et tous les Gabonais naturalisés qui respectent notre pays et soutiennent son progrès loin des bassesses du pouvoir actuel que vous défendez. Mais nous ne voudrons plus d’une légion étrangère responsable des tensions dans le pays et complice de la mal-gouvernance. C’est tout.

 

Ye wa wok ?

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(*) Acteur politique

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