Ikobey, est un village situé dans le département de Tsamba-Magotsi, à plusieurs heures de route de Libreville, la capitale Gabonaise. Autrefois considéré comme le miroir de la contrée du deuxième siège de Tsamba-Magotsi, Ikobey est devenu au fil des ans l’ombre de lui-même. La précarité et le chômage des jeunes rythment le quotidien des populations. Tronçon routier en piteux état, structures scolaires et sanitaires à l’abandon... Découverte d’une contrée qui sombre.
Par Wilfrid Kombé Nziengui
Depuis quelques temps, Ikobey, district situé à une soixantaine de kilomètres de Fougamou, le chef-lieu du département de Tsamba Magotsi, se vide de ses habitants, faute de véritables activités génératrices de revenus. La désertion du village est en grande partie due, d’après les habitants, au manque d’emplois, de structure médicale, d’un réseau routier praticable en toute saison.
La route qui y mène est un véritable chemin de croix
La plupart des ponts, vieux de plusieurs décennies, ont fini par céder. Les usagers sont souvent contraints d’avoir recours à d'autres stratégies pour espérer arriver à destination. « L’on rajoute des planches, des morceaux de bois et autres matériaux pour fermer les trous. Pour parer à toutes les éventualités, il faut voyager avec des outils » témoigne, Jean Christian, un routier.
Au centre d'Ikobey, le quartier Kébé est isolé du reste du village. Aucune voiture ne peut y accéder, le pont qui le relie à tous les autres quartiers du village s'est écroulé. Pour se rendre dans ce quartier du village, la marche s’impose à tous. Un calvaire pour les populations qui doivent transporter vivres et autres matériaux sur le dos et les épaules.
Le paysage magnifique de la localité contraste avec l’enfer quotidien des populations au point que les habitants sont obligés de quitter les uns après les autres la localité pour d’autres coins plus attractifs. Fougamou, Mouila et Lambaréné, sont les destination à la du bonheur. « Plus personne ne souhaite vivre ici, surtout les jeunes qui ont devant eux une vie à réaliser. Aucun jeune ne peut rêver de se réaliser en vivant sur place à Ikobey. Ils ont raison de s’en aller, ce n’est pas de leur faute. Les pouvoirs publics qui ont pour obligation d’assurer notre bien-être nous ont abandonné depuis bientôt une dizaine d’années » relate un habitant.
Un établissement, un seul enseignant
Dans ce chapelet de maux, l’éducation n’est pas en reste. L’école Saint Michel, l’unique établissement scolaire que compte le village est lui aussi presque livrée à son triste sort. Des matériels bureautiques au simple bâton de craie, tout y manque presque. Une situation due au manque de budget pour répondre aux exigences du fonctionnement de cet établissement qui a comme personnel une seule enseignante. Cette dernière est chargée de tenir toutes les classes. De la première à la cinquième année. Une situation très complexe pour la jeune enseignante qui est souvent obligée de se surpasser. Pour remédier à ce problème, les populations ont mainte fois écrit aux autorités de tutelle afin qu'il y soit ajouté un ou deux enseignants. Mais ces différentes correspondances sont restées sans suite. Un silence comme pour signifier peu manque d'intérêt des autorités politique pour l’avenir des enfants de cette localité. « Si les choses ne s’améliorent pas, cette école finira aussi par fermer les portes », prévient un autre habitant très remonté.
Le sous-préfet et le commandant de Brigade absents de leur poste depuis plus d’un an
Le visiteur qui débarque dans ce coin perdu est tout de suite interloqué par l’absence des autorités administratives et militaires, donc du sous-préfet et du commandant de brigade affectés dans la localité. Ces représentants de l’autorité de l’Etat, ont déserté leurs postes pour Fougamou, ou ils se sont désormais installés, pour semble-t-il manifester leur mécontentement suite aux mauvaises conditions de travail. Selon une source locale, ces derniers réclameraient des moyens roulants afin de faciliter l'exercice de leur fonction. Ils ont donc posé leurs valises à Fougamou, certainement avec la complicité de leur hiérarchie. Une désertion qui a eu comme effet immédiat, la fermeture des locaux de ses deux administrations qui sombrent dans les hautes herbes et qui sont devenus des lieux de refuges pour les reptiles et certains animaux domestiques. « Le Gabon est le seul pays où les fonctionnaires décident de déserter leur lieu d'affectation alors qu'ils sont grâcement payés sur le contribuable », Laisse entendre un ressortissant d'Ikobey résidant à Libreville.
Les personnalités politiques ferment les yeux et tournent le dos
Alors qu’Ikobey se meurt, les personnalités politiques issues du département de Tsamba-Magotsi sont plus préoccupées à se livrer aux guerres de leadership. Aucune initiative n’est mise en place pour sauver ce village du département de l’agonie. Ce, alors que Tsamba Magotsi compte au gouvernement deux ministres (Armel Bounda Balondzi et Yolande Nyonda), une président du Sénat (Lucie Milebou Aubusson épouse Mboussou) et ancien ministre aujourd’hui député (Guy Bertrand Mapangou) sans compter les nombreux cadres qui pullulent au sein de la haute administration à l’image de l’actuel directeur général de la Caistab (Thierry Prosper Mboussou). A croire, que pour toutes ces personnalités, la notion de développement doit s’appliquer exclusivement à Fougamou.
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires