Après des mois de ténèbres imposées aux ménages, aux entreprises et même aux hôpitaux, la lumière était censée revenir, portée par les majestueuses centrales flottantes de Karpowership. le dimanche dernier marquait le début des tests de mise en service de ces unités de production d’électricité, qui, paraît-il, devaient illuminer nos nuits noires et nos esprits fatigués par les bougies et les groupes électrogènes.
L’annonce en grande pompe de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) suscita, évidemment, une immense émotion : après tout, qui n’a pas rêvé de voir son congélateur fonctionner plus de 24 heures sans interruption ? Ou de pouvoir regarder le journal télévisé sans craindre un noir soudain au moment crucial ?
Sauf que trois jours après ce raccordement, Le Grand Libreville fait toujours l’objet des délestages. Dans la nuit du mardi au mercredi, c’est plus de six coupures enregistrées dans les ménages.
Les Gabonais entre espoir et scepticisme
Selon la SEEG, la production initiale sera de 70 mégawatts, un chiffre qui, sur le papier, semble donner un coup de fouet au réseau national. Mais soyons sérieux : combien de promesses avons-nous déjà entendues ? Depuis des décennies, chaque nouvelle solution est présentée comme la panacée, avant que la réalité ne rattrape tout le monde : câbles vétustes, infrastructures défaillantes, gestion calamiteuse…
Un accord signé dans l’urgence
Cette soudaine accélération des choses intervient juste après la signature, samedi, d’un accord entre le Gabon et Karpowership, en présence d’une brochette impressionnante de ministres. La symbolique est forte : après des mois de délestages chroniques, il fallait bien une mise en scène soignée pour convaincre une population à bout de nerfs que cette fois, c’est la bonne.
Mais les questions demeurent : combien coûtera réellement cette opération aux finances publiques ? Quels sont les engagements réels de Karpowership en matière de maintenance et de durabilité ? Et surtout, pourquoi faut-il attendre une énième solution temporaire alors que les problèmes structurels du réseau restent irrésolus ?
L’éternel retour des solutions d’urgence
On se souvient encore des annonces triomphales sur la fin imminente des délestages en 2023, 2022, 2021… chaque année, le refrain est le même, et chaque année, la réalité s’impose avec brutalité : délestages massifs, infrastructures précaires, coûts d’électricité exorbitants.
Alors oui, les Gabonais observeront avec attention les tests de ces fameuses centrales flottantes. Mais ils savent aussi que l’histoire de l’énergie au Gabon est un disque rayé : une lueur d’espoir suivie d’une longue nuit d’incertitude. Espérons que, cette fois, le courant passe vraiment. Mais au cas où, gardez vos bougies à portée de main…
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