Persis Lionel Essono Ondo : Trois semaines, un CV en carton et un limogeage express

Persis Lionel Essono Ondo installé pour être limogé au bout de 3 semaines.

Le Gabon vient d’inventer un nouveau concept en gestion publique : la carrière-éclair. Persis Lionel Essono Ondo, ex-Directeur général du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), a été débranché en plein vol après seulement trois semaines à son poste. Trois semaines ! C’est moins que le temps qu’il faut pour obtenir une carte grise au Gabon ou pour que le service client d’une banque réponde à un e-mail. Mais assez, apparemment, pour s'attirer les foudres du Conseil des ministres et terminer en chute libre dans la fosse aux oubliettes.

Dans cette affaire, la rapidité de l’ascension et de la descente défie les lois de la gravité administrative. À ce rythme, le FGIS pourrait bientôt postuler au Guinness des records : « Plus grand nombre de DG en moins d’un an ».

Un CV gonflé à l’hélium

Tout commence par un CV. Pas n’importe lequel : un « CV lourd ». Pas lourd de réalisations, non, mais lourd de prétentions. Diplômes prestigieux (dont personne n’a jamais vu la couleur), expériences professionnelles ronflantes (qui font sourire même les consultants d’occasion) et, cerise sur le gâteau, un aplomb hors normes. Hélas, comme un mauvais caméléon, Persis Lionel Essono Ondo a oublié que changer de couleur ne suffit pas si votre queue dépasse encore du buisson.

En moins de trois semaines, des soupçons émergent. Mensonges ? Exagérations ? Fantasmes ? Peu importe. Ce qui est sûr, c’est que son CV, déjà « lourd », est devenu un boulet pour le gouvernement. Et au Gabon, un boulet, on le largue vite.

Nominations stratégiques ou loterie nationale ?

Mais arrêtons-nous un instant. Comment ce personnage a-t-il pu accéder à un poste aussi sensible ? La réponse réside peut-être dans les mystères insondables des nominations au sommet. À croire que, pour être choisi, il suffit de : Être bien habillé (un costume trois pièces, ça impressionne toujours). Savoir réciter quelques mots-clés économiques comme « diversification » et « gestion des actifs ». Avoir des amis bien placés.

Les enquêtes de moralité ? Probablement rangées dans le tiroir poussiéreux des bonnes intentions oubliées. Après tout, qui aurait le temps de vérifier un CV quand on peut se contenter de beaux discours et d’une poignée de mains ferme ?

Le FGIS, ou l’art de gérer dans l’instabilité

Le FGIS, rappelons-le, est censé être la pièce maîtresse de la stratégie économique du Gabon. Un outil pour gérer les revenus du pétrole, diversifier l’économie et préparer le pays à un avenir post-hydrocarbures. Mais à voir le rythme des nominations et des limogeages, on se demande si cette institution ne devrait pas plutôt être rebaptisée : "Fonds Gabonais d’Incohérence Stratégique".

Changer de directeur comme on change de chemise, c’est peut-être la nouvelle méthode pour "diversifier" la gouvernance. Mais comment espérer attirer des investisseurs étrangers ou bâtir des projets solides quand les dirigeants passent moins de temps en poste qu’un film au cinéma ?

Les vérités que l’on préfère ignorer

La vérité, c’est qu’au Gabon, certains postes stratégiques sont devenus des accessoires de pouvoir. Des trophées qu’on distribue non pas sur la base de la compétence, mais sur celle de la proximité. Résultat ? Des fiascos comme celui-ci, où l’on découvre trop tard que le "génie" nommé à la tête d’une institution n’a ni les compétences ni l’éthique pour le poste.

Et ne parlons même pas des enquêtes de moralité, ces fantômes administratifs dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vus. Au lieu d’un processus rigoureux, on semble se fier à une sorte de roulette russe administrative. Parfois, on tombe sur une pépite. Mais souvent, on récolte… des caméléons maladroits.

Ironie, quand tu nous tiens

En trois semaines, Persis Lionel Essono Ondo a réussi l’exploit de devenir l’un des DG les plus éphémères de l’histoire du pays. Il aurait peut-être dû demander conseil à ses prédécesseurs, eux aussi experts en sorties discrètes.

Mais au fond, peut-on vraiment lui en vouloir ? Le vrai problème ne réside-t-il pas dans le système qui permet à de tels caméléons de se hisser jusqu’aux plus hautes fonctions ? Un système où le CV pèse moins lourd que les relations, et où la compétence passe souvent après la complaisance ?

Une leçon à retenir

Ce limogeage express est un rappel brutal que les institutions stratégiques ne peuvent pas être gérées comme des boutiques de quartier. Si le Gabon veut avancer, il doit mettre fin à cette comédie des nominations mal pensées.

En attendant, le pays regarde, amusé et cynique, ce nouveau feuilleton administratif. Et pendant ce temps, le FGIS, lui, continue sa mission… enfin, si tant est qu’il lui reste encore quelqu’un pour la mener. Car comme on dit souvent : "À force de vouloir tout camoufler, le caméléon finit toujours par se faire attraper."