IMG-LOGO
Accueil Article Ouverture de la campagne : Une démocratie "apaisée" en pleine effervescence électorale
Politique

Ouverture de la campagne : Une démocratie "apaisée" en pleine effervescence électorale

IMG La campagne électorale s'ouvre ce samedi 29 mars.

Le Gabon s'apprête à vivre une élection présidentielle pas comme les autres. Ce 12 avril, les électeurs déposeront leurs bulletins dans l'urne pour élire un chef d'État dans un pays où, depuis plus de cinq décennies, la transition démocratique s'apparentait à une course sans fin… sur un tapis roulant. Mais cette fois, c’est différent. Après la chute du régime Bongo-PDG le 30 août 2023 et une transition de 19 mois sous la houlette du Général Brice Clotaire Oligui Nguema, le Gabon goûte aux joies d’une "démocratie apaisée", selon l’expression désormais consacrée.

 

Un meeting sous le signe de l’unité… et du déjà-vu

À midi, au Stade de l’Amitié d’Angondjé, l’actuel Président de la Transition et candidat à sa propre succession, Brice Clotaire Oligui Nguema, donne le coup d’envoi officiel de sa campagne. L’événement s’annonce grandiose : des foules enthousiastes, des artistes mobilisés, des slogans fédérateurs… et bien sûr, une ferveur populaire à la hauteur de cette "nouvelle ère". Car oui, au Gabon, on ne fait jamais dans la demi-mesure : quand on tourne une page, on s’assure d’avoir un bon projecteur braqué dessus.

 

Si l'on en croit ses partisans, l’enjeu de cette élection dépasse de loin la simple reconduction d’un chef d’État. Il s’agirait, selon les mots du candidat, de "consolider les acquis de la transition et bâtir un Gabon véritablement démocratique". Et pour cause : après 56 ans de pouvoir sans partage du Parti Démocratique Gabonais (PDG) et une transition censée remettre le pays sur les rails de la bonne gouvernance, le Gabon a une occasion en or de montrer qu’il est bien entré dans l’ère des alternances pacifiques.

 

Démocratie apaisée ou plébiscite annoncé ?

Mais derrière ce tableau idyllique, certains esprits chagrins voient une élection jouée d’avance. Les autres candidats, bien que courageux, font face à une machine bien huilée : un président-candidat en fonction, une administration sous son contrôle et un appareil étatique rodé aux subtilités du maintien au pouvoir. Le tout, dans un climat politique où l’opposition semble divisée entre résignation et espoirs hypothétiques.

 

La fameuse "démocratie apaisée", expression régulièrement utilisée pour vanter le calme apparent du processus, suscite ainsi quelques interrogations. Apaisée, certes… mais pour qui ? Et à quel prix ? Les vrais défis de l’alternance ne se mesurent pas à l’absence de tensions électorales, mais à la capacité d’un État à garantir une compétition équitable. Or, les conditions du scrutin – transparence, accès médiatique, neutralité des institutions restent encore sujettes à débat.

 

Une transition réussie… mais pour aller où ?

En 19 mois, le régime de transition a multiplié les réformes : lutte contre la corruption, restructuration de l’administration, ouverture du jeu politique. Des avancées indéniables qui donnent à Oligui Nguema une légitimité solide pour briguer un mandat électif. Mais le défi est ailleurs : si cette présidentielle doit consacrer la fin de la transition, elle doit surtout éviter d’être perçue comme une formalité pour maintenir le pouvoir entre les mêmes mains.

 

Le 12 avril, les Gabonais ne voteront pas seulement pour un président. Ils testeront surtout la crédibilité d’un système censé les libérer d’un passé où les élections n’étaient qu’un simulacre. La démocratie gabonaise sera-t-elle simplement "apaisée" ou véritablement émancipée ? Réponse dans les urnes… ou peut-être dans les couloirs feutrés du Palais du Bord de Mer.

Partagez:

Postez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires