Le 8 mars 2025, en grande pompe et sous les applaudissements d’un public conquis d’avance, l’association Ossimane a annoncé son changement de nom pour devenir La Pensée Patriotique. Un événement présenté comme une refonte majeure, une transformation profonde, un souffle nouveau… sauf que, dans les faits, c’est un simple changement d’étiquette. Car pour qui maîtrise le fang, langue maternelle d’une partie des dirigeants du mouvement, le mot Ossimane signifie déjà « Pensée ».
Oui, vous avez bien lu. Après des mois de brainstorming intense, après des débats enflammés dans les hautes sphères du mouvement, après une convention nationale où chacun s’attendait à un tournant historique… le seul ajout est le mot "patriotique". Une révolution sémantique digne d’un séminaire sur la novlangue.
Rebranding ou tour de passe-passe ?
Les plus optimistes y verront une volonté d’ouverture, un geste d’inclusion pour rallier l’ensemble des Gabonais autour d’une idéologie commune. Après tout, Ossimane, c’était un peu trop "local", trop "initié". Alors que "La Pensée Patriotique", ça claque, ça fait sérieux, ça donne un air de grandeur et d’unité nationale.
Mais soyons honnêtes : le vernis ne trompe personne. Si la marque change, le produit reste le même. L’ADN du mouvement demeure, tout comme son objectif affiché : porter haut et fort Brice Clotaire Oligui Nguema et lui garantir, selon les mots de son vice-président Olivier Mebiame, une "victoire à la soviétique" lors de la présidentielle du 12 avril 2025. Une expression qui, soit dit en passant, rappelle de grandes heures de démocratie où l’opposition tenait plus du décor que de la compétition électorale.
Un mouvement toujours plus structuré... pour le même but
On pourrait croire que ce rebranding annonce une refonte des idées, un aggiornamento stratégique, une réorientation politique. Mais non. La Pensée Patriotique reste dirigée par un grand bureau, avec une présidence tournante confiée pour 12 mois à une personnalité de chaque province. Lucie Daker Akendengue, originaire de l’Ogooué-Maritime, inaugure ce cycle. Un bel exercice de décentralisation symbolique, qui masque mal le fait que les vrais leviers du mouvement restent fermement tenus par les mêmes mains.
Et le cap, lui, ne bouge pas : mobilisation générale pour faire d’Oligui Nguema le président élu. Peu importe le nom, l’essentiel est là : un réseau bien organisé, des structures territorialisées, une mission claire.
Une révolution en trompe-l'œil ?
Alors, fallait-il vraiment une convention nationale pour un tel tour de passe-passe ? Était-il nécessaire de rassembler des militants, d’organiser des discours et d’enchaîner les interviews pour annoncer... un nom qui veut dire exactement la même chose ?
L’histoire politique regorge de ces relookings cosmétiques, où l’on rebaptise une entité pour lui donner un second souffle sans rien changer au fond. Mais cette fois, l’exercice est si flagrant qu’il en devient comique. À ce rythme, ne soyons pas surpris si demain, on nous annonce une réforme du franc CFA en "monnaie africaine"… qui restera frappée par le Trésor français.
En attendant, que les partisans de La Pensée Patriotique se rassurent : ils ne seront pas dépaysés. Parce que changer de nom, sans changer d’idéologie ni de stratégie, c’est un peu comme repeindre une vieille maison en ruines : ça donne l’illusion du neuf, mais les fondations restent les mêmes.
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