La scène semblait tout droit sortie d’un thriller politique, mais non, il ne s’agissait pas d’une révélation choquante sur un complot d'État ou un secret d'État bien gardé. Non, chers lecteurs, c’était bien plus étrange : les oiseaux de l’ex-président Ali Bongo ont disparu. Oui, vous avez bien lu, les oiseaux. Et pas n’importe quels oiseaux : des perroquets gris du Gabon, des flamants roses, des aras Hyacinthe… Tout un panel d’espèces exotiques qui, semble-t-il, en savent bien plus sur les coulisses du pouvoir qu’on ne le pense.
Le 3 décembre 2024, après plusieurs jours de recherche digne d’une chasse au trésor, le Parc animalier de Libreville a annoncé, non sans fierté, avoir récupéré une partie de cette volée présidentielle. Oui, mesdames et messieurs, les oiseaux d’Ali Bongo ont trouvé refuge dans un parc animalier. Imaginez la scène : des oiseaux, jusque-là habitués à vivre dans des résidences luxueuses, se retrouvent soudainement au milieu de simples visiteurs en quête d’animaux un peu moins médiatisés que leur ancien propriétaire. "Les oiseaux de l'ancien président gabonais", annonce le responsable du parc, Lewis Mangongo, "ont été recueillis et seront bientôt présentés au public". Car après tout, ces oiseaux ont plus d’attrait qu’une conférence sur la politique gabonaise.
Mais avant de sauter à la conclusion "Oh, ces pauvres oiseaux", sachez que tout cela n'est pas aussi simple que cela. En fait, moins de 20 oiseaux sur les 40 recensés dans la "résidence NAM" ont survécu. C’est en quelque sorte l’histoire d’une fin de règne à plumes : un peu trop de maltraitance, une pincée de mauvaise gestion alimentaire, et voilà le résultat. Le vétérinaire, Dr Lois Allela Nontse, a déploré la perte des aras Hyacinthe. "On ne pouvait pas laisser mourir tous les oiseaux", a-t-il déclaré, avec la gravité d’un médecin militaire dans un film de guerre. Eh bien, bien sûr, qui pourrait permettre de telles atrocités ? Pas sous nos yeux ! Ces pauvres flamants roses, en détresse, ont dû trouver un certain soulagement en retrouvant leur place sur un sol plus stable (ou du moins plus végétalisé que dans le grand jeu politique).
Le Parc animalier de Libreville, quant à lui, a adopté les oiseaux avec une efficacité administrative qui ferait pâlir même le plus sérieux des fonctionnaires : "Nous avons accueilli les rescapés, prêts à les exposer aux regards du public" a annoncé Lewis Mangongo avec l’enthousiasme d’un directeur de musée qui vient de recevoir une œuvre d’art à l’envergure historique. En effet, il y a de quoi être fier : de simples perroquets du Gabon, des flamants roses et des inséparables, qui, après avoir eu leur propre bureau dans les salons dorés de la résidence présidentielle, se retrouvent maintenant dans les volières populaires du parc. Un parcours impressionnant pour des oiseaux qui, jusqu’à peu, étaient plus habitués aux salons de l’élite politique qu’à l’agitation des enfants en sortie scolaire.
Et pendant ce temps, dans les couloirs de l'ancienne résidence présidentielle, Ali Bongo a signalé via son avocat la disparition de ses animaux exotiques. On imagine le comble de la frustration pour un homme qui, en son temps, gérait le pays avec une poigne ferme, mais qui, aujourd’hui, doit se résoudre à la disparition nocturne de ses oiseaux de compagnie. Qui a dit que les transitions de pouvoir étaient douces ?
En somme, cette histoire d’oiseaux exilés est une parabole parfaite sur l’état de la politique gabonaise : tout comme les oiseaux, on se croit à l’abri dans nos palais, mais au final, ce qui nous attend n’est qu’un simple perchoir dans un parc. Plus exotiques que jamais, les oiseaux d’Ali Bongo finiront donc leur carrière dans des volières où, espérons-le, ils continueront à chanter, mais sans allusions politiques cette fois. Les seules alliances qu’ils feront désormais seront entre eux, sans plus de calculs stratégiques.
Moralité de l’histoire ? Les oiseaux, eux, n’ont pas besoin de campagne électorale pour retrouver leur place. Et pendant que les politiciens s’envolent, les oiseaux, eux, restent fidèles à leur nature… aussi libre que l’air.
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