Il y a des hôtels qui accueillent des clients. D’autres qui accueillent des illusions. Et puis, il y a le Ré-Ndama, ce palace national qui a fini par devenir un tombeau social avec vue sur mer. Heureusement ou pas Achour Holding arrive en sauveur casqué, plan de relance à la main et signature présidentielle à l’appui. Objectif : ressusciter la bête. Mais ressusciter quoi au juste ? L’hôtel… ou la dette qu’il traîne comme une valise sans roulettes ?
Car pendant que les caméras captent les sourires et les poignées de main bien éclairées, 150 ex-employés, eux, sont restés dans l’ombre, à compter les mois sans salaire, sans indemnité, sans nouvelles, sans rien. Plusieurs années de chômage technique impayé ? Une simple mise en bouche. Le vrai plat de résistance, c’est l’ardoise laissée par Wali Hotels & Resorts, servie froide, indigeste, et apparemment sans note finale.
Mais voilà : le président a parlé. Il faut que Ré-Ndama revive. On va tout raser, tout reconstruire, tout effacer… sauf les dettes. On remplace les murs fissurés, pas les vies fracassées. Le tourisme va redémarrer, dit-on, mais les travailleurs eux, ont été remerciés avec la délicatesse d’un coup de pied dans la dignité.
À ce stade, on se demande si ce n’est pas une spécialité locale : l’art de relancer les structures mortes tout en enterrant les victimes vivantes. Tout le monde semble trouver ça normal. Sauf peut-être ceux qui n’ont plus rien, pas même la force d’y croire.
Et puis franchement, qui a besoin de régler les droits sociaux quand on peut faire des photos avec des investisseurs, poser des premières pierres, et parler de « nouveau départ » ? On repeint la façade, on change le nom, et hop ! Le passé s’efface. Enfin… presque.
Est-ce que cet accord va réparer les dégâts ? Ou simplement les camoufler sous un joli carrelage flambant neuf ? Difficile à dire. Une chose est sûre : au Ré-Ndama, plus personne ne dort. Pas même ceux qui sont réveillés depuis cinq ans par des cauchemars administratifs.
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