Condamné à 15 ans de prison pour la tentative de coup d’état manqué de janvier 2019, Kelly Ondo Obiang est depuis incarcéré à la prison centrale de Libreville. Dans une lettre ouverte adressée au president de la République, le lieutenant de la Garde Républicaine dit désormais craindre pour sa vie au regard des multiples actions visant à porter atteinte à son intégrité physique et morale. Lecture.
Lieutenant Kelly Ondo Obiang
Matricule : 5994 11 / Garde Républicaine
A
Monsieur le Président de la République, Chef Suprême des armées
Son Excellence Ali Bongo Ondimba
Objet : Alerte à la déstabilisation de notre nation.
Excellence, j’ai l'honneur de venir par la présente auprès de votre autorité, vous alerter du plan de déstabilisation en cours contre notre nation .
En effet, des ennemis de notre nation nourrissant un funeste dessein de destabilisation ont décidé d'allumer la mèche dans la conjoncture explosive que représente la situation sociale politique actuelle. Ce funeste dessein consiste au lancement d'une opération d’homicide contre ma personne.
L' effet majeur de cette opération consiste à une dégradation de mon état de santé en milieu carcéral, dont le corollaire sera mon passage de vie à trépas.
En effet, depuis les révélations faites au cours de mon procès, et ma condamnation à 15 ans de prison ferme, les autorités carcérales sous les ordres des commanditaires tapis dans l’ombre, ne cessent de multiplier des actions et décisions visant à porter atteinte à mon intégrité physique et morale dans le but d'aboutir à une dégradation de mon état de santé .
La dernière action mise en exécution, date du mercredi 9 mars 2022. Ce jour, n’eût été ma résilience physique et morale à toutes épreuves acquise durant mon parcours de soldat, l'objectif aurait été atteint. La situation sanitaire d’un de mes codétenus atteste de l’échec de cette conspiration. Cependant, il m'est impossible de savoir pendant combien de temps mon esprit restera maître de mon corps compte tenu des réalités carcérales et des autres plans que les commanditaires de ces actions useront à mon encontre.
Du haut de votre fonction de Chef Suprême des armées, vous pourriez, mieux que quiconque, évaluer les réactions et dommages qu'engendreraient une telle opération diligentée contre ma personne au sein de notre appareil sécuritaire dont je reste membre et au sein du peuple Gabonais.
J’aimerai porter à votre connaissance que cette opération d’homicide fait suite à une autre tentative ratée. Notamment, celle enregistrée courant du mois de mars 2019, quelques semaines après mon incarcération et quelques jours avant votre retour de convalescence.
Des individus non identifiés ont introduit au sein de ma cellule d'isolement un serpent que je suis parvenu à mettre hors d'état de nuire à mains nues dans l'obscurité totale. Les autorités carcérales furent alertées des faits dans la nuit. Le procureur de la République de l’époque fut lui aussi informé, quelques temps après, par les responsables de la Direction de Contre Ingérence et de la sécurité militaire de l’époque .
Excellence, cette alerte n'intervient guère par crainte pour moi de mourir, d'autant que je suis prêt à affronter cette éventualité depuis ma prestation de serment en tant que membre des forces de défense et de sécurité de notre pays. Un serment qui me tient à cœur, comme l'illustre mon engagement du 07 janvier 2019 contre les ennemis de notre nation qui mûrissaient des ambitions anti républicaines. Cependant, je m’oppose à ce qu’un tel sacrifice soit contre productif en servant de catalyseur à une crise sécuritaire qui plongera notre nation dans le chaos. Une nation au sein de laquelle vit ma progéniture en particulier et le Peuple Gabonais en général. Un peuple que j'ai juré de défendre contre toutes les formes d’aggression et de menaces par mon serment en tant que membre des forces de défense d'abord, puis en tant qu’officier.
Dans l’espoir que cette lettre vous parvienne, je me tiens à l’entière disposition de vos services de sécurité dont la mission primordiale est l’entrave de toutes les formes de risques et menaces affectant la vie de la nation, pour contribuer à leurs investigations.
Veuillez agréer Monsieur le président de la République, l'expression de mon profond respect.
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