Les temps sont durs pour les fervents défenseurs du "droit à l'impunité". La Chambre d'accusation reçoit le dossier judiciaire d'Hervé-Patrick Opiangah, et son parti politique, l'Union pour la Démocratie et l'Intégration Sociale (UDIS), se lance dans une opération de charme inédite. Une stratégie de haute volée : solliciter la médiation des diplomates étrangers accrédités au Gabon.
Première étape : l’ambassade de France, bastion de la démocratie et des droits de l’Homme, qui se retrouve, bien malgré elle, appelée à arbitrer une affaire qui, rappelons-le, relève du système judiciaire gabonais. Une subtile manœuvre, entre lobbying discret et pression médiatique, afin de dénoncer "une machination judiciaire" qui, selon l'UDIS, ferait peser une menace existentielle sur la liberté de leur président. Rien que ça !
Droit et diplomatie : Un cocktail périlleux
Dans une démarche qui ferait rougir d’envie les meilleurs stratèges en communication de crise, Cynthia Lays Amorissani, présidente intérimaire de l’UDIS, a mené une délégation vers les portes de l’Hexagone diplomatique pour y dénoncer "l’acharnement" contre leur leader.
Et la plaidoirie fut ciselée : "Aucune plainte, aucune victime, aucune infraction !" proclament-ils avec une ardeur digne des plus grands tribunaux. "Laissez-le rentrer chez lui !", ajoutent-ils, en insistant sur l’impact économique et social de cette affaire. Ainsi, la France est priée d’endosser le rôle de médiateur, car, après tout, quand la justice d’un pays semble poser problème à certains, pourquoi ne pas faire appel à l’ex-puissance coloniale pour démêler l’embarras judiciaire ? Quelle brillante idée !
La diplomatie judiciaire : un précédent délicat
Le cynisme de la situation est frappant. D’un côté, les discours souverainistes battent leur plein, revendiquant l’indépendance et la maîtrise des affaires internes. De l’autre, les recours aux chancelleries étrangères fleurissent dès que la tempête judiciaire se lève sur certains acteurs politiques et économiques.
En droit international, la non-ingérence dans les affaires internes est un principe cardinal. Mais, visiblement, lorsqu’il s’agit d’un dossier judiciaire touchant un homme influent, il devient soudainement convenable d’appeler une tierce partie à "jouer les conciliateurs". Faut-il en conclure que la justice gabonaise n’est pas digne de foi aux yeux de l’UDIS ? Ou que la politique l’emporte sur le droit, selon la ténacité des intérêts en jeu ?
Et pendant ce temps…
Pendant que les démarches diplomatiques s’intensifient, les Gabonais eux, assistent, impuissants, à un feuilleton politico-judiciaire aux accents tragi-comiques. Dans une société où tant de justiciables ordinaires peuplent les cours et tribunaux sans le moindre espoir de clémence extérieure, voir un parti politique déployer tant d’ardeur pour un homme présente un contraste saisissant.
L’affaire Opiangah met ainsi en lumière une logique familière sous nos latitudes : la justice est un échiquier où certains jouent avec des pièces bien plus puissantes que d’autres. Et dans cette partie en cours, reste à voir si l’intervention des diplomates étrangers résoudra cette "injustice sans infraction" ou si elle ne fera qu’ajouter un nouveau chapitre à la chronique des aberrations judiciaires du continent.
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