Voilà plus d’un an (15 mois) que Jean Rémy Yama est détenu, sans jugement, à la prison centrale de Libreville. Souffrant de l’apnée sévère du sommeil et sans appareil respiratoire fonctionnel, il court désormais le risque de faire un accident vasculaire cérébral (AVC). D’autant que chaque apnée du sommeil crée des lésions dans son cerveau.
Le vendredi 02 juin dernier, le président de la Dynamique unitaire a adressé une lettre ouverte pour étaler à la face du monde les détails de l’injustice dont il est victime. Un plan machiavélique qui consiste à le détenir en détention au-delà des élections présidentielles. « Ce dont je suis presque certain, c’est que je n’irai jamais en jugement, il n’y aura jamais de procès me concernant. Dès que leurs objectifs auront été atteints, ils me mettront en liberté provisoire et éteindront l’affaire comme en 2016 », souligne-t-il. Pour y arriver, le régime use de subterfuges judiciaires, en se fondant sur un dossier de « détournement de fonds » totalement vide.
Le silence de tous face à l’injustice
Sauf que, face à cette situation d’injustice manifeste, il n’y a aucune manifestation d’envergure pour condamner les agissements d’un pouvoir cynique. Les organisations syndicales, les membres de la famille, les travailleurs des secteurs publics et privés, la société civile, l’opposition… cautionnent l’acharnement contre un homme qui n’a cessé de se battre pour l’amélioration des conditions de vie et de travail du plus grand nombre.
« Si vous me demandez un bilan, après 15 mois de détention, je vous dirai que je suis triste. Je ne suis pas triste pour moi, je suis plutôt triste pour vous. Dans 2 Timothée au chapitre 4, verset 11, Paul disait lors de ses innombrables prisons : ‘’Personne n’a été à mes côtés, tous m’ont abandonné’’. C’est cette impression d’abandon que je peux ressentir », se désole Yama.
Non sans ajouter : « Mes persécuteurs avaient prévu que personne ne viendra à mon secours, ils se sont assurés auprès de certains qu’ils ne réagiront pas. Ils n’ont pas eu tort, car je suis seul. (…) Je suis abandonné par les miens, par mes amis et mes compagnons de lutte. Mon sentiment est partagé entre l’envie d’être libre pour retrouver mes enfants, reconstruire ma famille et l’envie de rester encore en prison, car plus le temps passera, plus les masques tomberont, plus les faux deviendront de plus faux et les vrais de plus en plus vrais. Dieu séparera le bon grain de l’ivraie ».
Et de poursuivre : « La honte, c’est pour ma famille au sens large, mes amis. Je n’ai pas honte du combat que je mène et du sort qui m’est réservé, car il est noble mon combat. Quoi de mieux que de mener le combat de la justice sociale. Je n’ai rien fait. Vous savez que je n’ai rien fait, mais vous m’avez abandonné. Même lorsque le droit est de mon côté, vous ne réagissez pas, vous avez peur ou vous êtes corrompus. La honte est pour vous, mes parents qui ont des postes de responsabilité et qui ne lèvent aucun doigt. Vous devenez complices de ma situation :
- La tribu BOUDZENGUE qui m’a mis au monde, celle de mes papas. En 15 mois de détention, vous n’avez posé aucun acte, même lorsque la vie de votre enfant est menacée ;
- La tribu BASSOMBA, BAGHOULI, mes mamans, où êtes-vous êtes ? Est-ce que c’est lorsqu’on va m’enterrer que vous viendrez parler ? On se bat pour les vivants et pas pour les morts. Ma vie, c’est Dieu qui la détient, pas un homme ;
- La tribu MAGHAMBA, mes grands-parents maternels, je ne vois personne ;
La tribu MBOUNDOU, mes grands-parents paternels, vous n’avez porté aucun acte de votre part ;
- Mes compagnons de lutte (syndicalistes) qui, le 1er mai dernier, n’ont pas osé citer mon nom dans la lecture de leurs manifestes : c’est une radio étrangère (RFI) qui s’est souvenue de ma condition le 1er mai 2023.
La honte, c’est pour vous, pas pour moi. Je n’ai pas changé, je suis resté le même. Il n’y a personne qu’on enterre en prison, je finirai par sortir ».
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