Le 09 janvier 2023, à la surprise générale, René Ndemezo’o Obiang fait son retour au gouvernement. Celui qui, jusqu’ici, était le président du Conseil économique, social et environnemental hérite d’un ministère qui ressemble de près à une coquille vide : le ministère de la Consommation et la lutte contre la vie chère. Mais René ne boude pas son plaisir, puisque dans l’ordre protocolaire au sein du gouvernement, il est la troisième personnalité politique après Denise Mekam’ne Edzidzie épouse Taty (ministère des Relations avec les institutions) et Lambert Noël Matha (ministère de l’Intérieur).
De quoi susciter la colère à Bitam. Notamment des camarades PDGistes qui ne comprennent pas que le distingué camarade fasse la promotion d’un homme sans scrupule, avide de pouvoir et adepte de la traîtrise. Patrick Eyogo Edzang ne décolère d’ailleurs toujours pas. L’actuel Secrétaire adjoint du PDG a été suspendu de ses activités, pendant deux mois, pour avoir fustigé, dans langage ordurier, le retour de l’enfant terrible de Bitam au gouvernement. C’est dire le niveau d’animosité entre PDGistes de cette localité. Pour autant, la guerre sur fond de contestation est loin de s’être achevée.
La pétition
Récemment, des militants du parti au pouvoir ont lancé une pétition visant à démontrer à Ali Bongo Ondimba que René n’est plus l’homme de la situation du moins que cet homme considéré comme une relique politique n’est plus capable de garantir une victoire au parti au pouvoir dans 5 mois. Ladite pétition, au moment où nous mettions sous presse, avait été signé par près de 900 personnes. Preuve d’une véritable défiance, les signataires ont paraphé à visage découvert la pétition. C’est-à-dire avec leurs noms et leurs différents numéros de téléphone. « Nous rejetons toute forme de leadership de l’ex-premier secrétaire du parti ‘’Démocratie nouvelle’’ au sein du PDG dans la commune de Bitam. Alertons le DCP sur le risque d’une fracturation locale du parti au cas où un tel leadership s’imposerait à nous », préviennent les frondeurs.
Les contestataires PDGistes ne s’arrêtent pas là, ils reprochent à l’actuel ministre d’Etat de faire dans le trafique d’influence, « au lieu de s’intégrer et de travailler normalement comme un militant au sein des structures de base, il s’illustre plutôt par le trafic d’influence, le culte de la personnalité, les règlements de compte, la roublardise pour s’attacher à ces structures grâce aux positions acquises à travers le DCP ».
Les signataires de cette pétition invitent plutôt Ali Bongo Ondimba, « à promouvoir les cadres militants du parti pétris d’expérience et les cadres assis à la maison depuis trop longtemps dans la commune de Bitam qui ne demandent qu’à s’investir au succès de la politique du DCP et du renforcement du parti et de sa base militante ».
Un homme attaché à la trahison
C’est peu dire ! Pour parvenir à ses fins, René Ndemezo’o Obiang est capable de monter des scénarii abjectes et sordides. Jean Ping n’en revient toujours pas. En 2016, bien qu’alerté par les cadres de l’opposition qui connaissait bien l’homme et ses méthodes, Jean Ping va décider de confier quasiment l’organisation et la gestion de la pré-campagne à l’enfant terrible de Bitam. Séduit par les belles paroles et autres théories fumeuses de l'ancien militant communiste de l’AGEG (Association générale des étudiants gabonais en France), l’ancien candidat unique de l’opposition va même devenir le porte-parole de Ping.
La suite, nous la connaissons. René Ndemezo'o Obiang a retourné sa veste au moment où justement il fallait concevoir des stratégies politiques porteuses, sous le fallacieux prétexte que le président élu n'avait pas de plan B.
Qui mieux que son directeur de campagne, à la réputation surfaite de stratège politique, devait initier ce fameux plan B ? Toujours est-il que sous ce prétexte, René Ndemezo'o Obiang a lâché Jean Ping, emportant avec lui quelques naïfs qu’il a entraînés avec lui dans Démocratie Nouvelle, le parti politique dont Jean Ping avait financé la création. Pendant tout le temps qu'il a passé avec Ping, Ndemezo’o Obiang a observé les principaux acteurs de l'opposition. Le rapport qu'il a fait au pouvoir est, disent certaines sources, à l'origine de tous les malheurs de Bertrand Zibi Abeghe, condamné à 6 ans de prison pour des faits montés de toutes pièces.
La prochaine élection présidentielle approche à grands pas, raison pour laquelle il faut solder l'élection de 2016 et confier de nouvelles missions aux uns et aux autres. Le pouvoir a toujours trouvé en René Ndemezo'o Obiang un allié sûr. En tout cas, depuis les années 81-82 où il a joué au vrai faux prisonnier pour espionner les patriotes du Morena à la prison centrale de Libreville, il est toujours à son affaire lorsqu’il faut infiltrer l’opposition.
Quelle nouvelle mission le pouvoir Bongo-PDG entend-il lui confier aujourd'hui ? Il n'est un secret pour personne que les Fang, qui représentent près de 40 % de la population gabonaise, sont très marginalisés depuis la dernière élection d'Ali Bongo Ondimba. C'est une préoccupation majeure dans les cercles du pouvoir qui est prêt à tout pour se donner une autre image. Pourquoi ne pas utiliser, une fois encore, le même cheval de Troie ? Sauf que cette fois-ci, la contestation vient de l’intérieur du régime. Et si Ali Bongo Ondimba n’y prend garde, elle risque de lui exploser au visage.
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