Si la Poste Bank S.A. était un navire, il aurait déjà coulé corps et biens, emportant avec lui l’épargne de milliers de Gabonais. Heureusement, nous ne sommes pas en mer, mais sur la terre ferme de l’indignation, où les épargnants, eux, nagent toujours dans l’incertitude. Depuis plusieurs mois, leurs économies semblent avoir pris des vacances prolongées, sans date de retour.
Chronique d’un naufrage bancaire annoncé
Souvenez-vous : il fut un temps où la Poste Bank S.A. était ce havre de confiance, ce sanctuaire financier où déposer son argent était aussi rassurant que confier son enfant à sa propre mère. Aujourd’hui, les épargnants découvrent avec stupeur que la fameuse « garantie de l’État » ressemble davantage à un mirage dans le désert bancaire gabonais.
Les files d’attente devant les agences ne sont plus celles de clients venus effectuer des retraits, mais bien celles de citoyens en quête de réponses. « Mon argent, c’est devenu un mythe ! » ironise un épargnant, résigné, alors qu’il contemple la façade de la banque comme un archéologue scrutant les ruines d’une civilisation disparue.
Face à la montée du mécontentement, les autorités ont multiplié les déclarations rassurantes. Ministres, directeurs et autres hauts responsables rivalisent de discours apaisants : « Nous travaillons sur une solution durable », « Le gouvernement suit la situation avec la plus grande attention », ou encore l’incontournable « La patience est de mise ». Mais l’épargnant gabonais n’a que faire des formules diplomatiques : ce qu’il veut, ce sont ses économies, pas des vœux pieux.
La rencontre du 31 janvier dernier entre le Ministère de la Communication et des représentants des épargnants aurait pu être une avancée majeure. Pourtant, il semble qu’elle n’ait produit que du vent, au grand dam des concernés. « Nous avons entendu de belles paroles, mais toujours pas vu l’ombre d’un franc », confie un autre épargnant, mi-amusé, mi-exaspéré.
Un collectif d’épargnants à la barre
Face à l’inertie, les épargnants ont décidé de ne plus jouer les figurants dans ce mauvais feuilleton bancaire. Le Collectif des Épargnants de la Poste Bank S.A. appelle à une Assemblée Générale le 14 février, devant la Grande Poste de Libreville. Une date qui, ironie du sort, coïncide avec la Saint-Valentin mais dans cette histoire, le seul couple qui semble encore fonctionner, c’est celui de l’État et de ses engagements non tenus.
Un droit d’entrée symbolique de 1 000 FCFA est demandé pour assurer une couverture médiatique, preuve que même pour revendiquer ce qui leur appartient, les épargnants doivent encore payer. Ceux vivant en province sont invités à soutenir l’initiative à leur manière – peut-être en allumant des cierges, tant la résolution du problème semble relever du miracle.
Une fin en suspense
Alors, cette mobilisation sonnera-t-elle enfin l’heure des remboursements, ou bien assistera-t-on à une nouvelle saison de la série « Argent disparu, espoir en fuite » ? Une chose est sûre : les Gabonais, eux, ne se contenteront pas d’un générique en boucle. En attendant, les épargnants de la Poste Bank S.A. peuvent toujours méditer sur cette devise révisée : « Déposer son argent, c’est facile ; le récupérer, c’est un exploit ! »
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