Le ministère de l’Intérieur du Gabon vient d’introduire une nouvelle discipline dans la vie politique nationale : la disparition administrative des candidatures. Résultat ? Le président du Parti national pour le travail et le progrès (PNTP), Jean Rémy Yama, en appelle désormais à la démission du ministre, qu’il accuse d’avoir transformé le processus électoral en comédie bureaucratique.
Sur 14 dossiers déposés par le PNTP pour les législatives, seuls 5 ont survécu à la grande lessiveuse de l’Intérieur. Quant aux locales, 4 sur 9 seulement ont été validés. Les autres ? Évaporés. Pas de notification, pas de décision officielle. Silence radio. « Je ne parle pas de rejet, car la loi exige qu’on motive un rejet. Or, là, c’est la magie noire administrative : vos dossiers s’évaporent sans explication », a ironisé Jean Rémy Yama, visiblement partagé entre indignation et sarcasme.
Les scènes absurdes d’une démocratie expérimentale
La mésaventure de Mme Haresse Kengue, candidate du 6ᵉ arrondissement, relève presque du théâtre de boulevard. Son dossier, tamponné comme complet, a été rejeté sous les yeux médusés de ses partisans. Une vidéo de cette scène surréaliste fait le tour des réseaux sociaux, rappelant que l’humour noir est devenu le dernier refuge de la politique gabonaise.
Et que dire des provinces d’Ogooué-Lolo et d’Ogooué-Maritime où aucune candidature du PNTP n’a passé la “barrière invisible” du ministère ? Yama parle d’« aberration », mais le public y voit plutôt la preuve d’une démocratie tropicale où l’improvisation tient lieu de règlement électoral.
Depuis trois jours, les membres du PNTP arpentent les couloirs du ministère. En guise d’explications, on leur propose un formulaire de réclamation… et l’espoir d’un rappel téléphonique. « Dans un pays normal, le ministre aurait déjà démissionné », a lancé Jean Rémy Yama, ajoutant que cette affaire n’était « plus de l’incompétence mais de la honte nationale ».
La démocratie version “brouillon”
Pour un observateur averti, cette affaire illustre parfaitement les vices chroniques du système électoral gabonais : manque de transparence, improvisation institutionnelle et suspicion d’ingérence politique. Mais surtout, elle pose une question essentielle : comment espérer une élection crédible si l’étape de validation des candidatures ressemble à une loterie administrative ?
C'est triste pour notre démocratie à l'ère de la Vème République.
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