Le Parquet national financier vient d’ouvrir une enquête préliminaire à la suite d’une plainte visant principalement les activités de BGFIBank Europe, établie à Paris.
BGFIBank est le leader du secteur bancaire dans la sous-région. C’est d’ailleurs à cœur joie que son Président-directeur général, Henri-Claude Oyima, a annoncé, lors de l’assemblée générale, qui s’est tenue, le 25 mai dernier, un résultat net consolidé de 46 milliards de Fcfa, soit une hausse de 4 % par rapport à l’an dernier. En toute évidence, personne n’ira rechercher au Gabon comment la banque de la famille Bongo a réalisé une telle performance. Personne n’est dupe ; tout le monde a bien conscience que les liens occultes entre la famille au pouvoir et le groupe expliquent, en grande partie, ces performances.
En République démocratique du Congo (RDC), le château de cartes vient de s’effondrer après le départ de Joseph Kabila du pouvoir. L’enquête, publiée par le consortium de journalistes (Mediapart) explique comment BGFIBank Congo, filiale de la banque gabonaise BGFIBank a eu à faire « transiter, en tant que banque correspondante, des dizaines de millions de dollars de transactions suspectes liées aux affaires de corruption et de détournements de fonds publics ».
Des faits assez graves, pour que le parquet financier français décide d’ouvrir une enquête préliminaire à la suite d’une plainte des organisations de la société civile (les associations Unis, Transparency International et Sherpa) visant les activités de BGFIBank Europe, établie à Paris, souligne le journal français Le Monde. Le Parquet national financier (PNF) en a fait l’annonce, le mercredi 08 juin dernier.
La validation de 32 virements suspects par BGFIBank Europe
Parmi les opérations ciblées par la plainte, la validation par la BGFIBank Europe d’au moins 32 virements qui auraient été effectués ou reçus par la société congolaise Sud Oil, pour un montant total de plus de 14 millions de dollars, soit 8 milliards 361 millions de Fcfa. Cette société est suspectée d’avoir été « au cœur du système qui a permis à la famille Kabila de détourner 138 millions de dollars (plus de 85 milliards de Fcfa) d’argent public », selon Mediapart.
BGFIBank refuse de parler
Ses filiales épinglées, le groupe BGFIBank Gabon n’a pas souhaité commenter l’ouverture de l’enquête, bien qu’ayant été contacté par la presse. Rien de bien étonnant. Henri-Claude Oyima espère, depuis l’éclatement de ce scandale, que le temps et ses relations avec certains pouvoirs africains suffiront à étouffer une affaire qui ternit considérablement l’image de son groupe. Ce n’est pas évident, attendu que « cette enquête s’est imposé à la mesure des preuves exceptionnelles révélées par “Congo Hold-Up” », se sont félicités les avocats des associations, William Bourdon et Henri Thulliez. « Au cœur de l’enquête, c’est l’ingénierie d’une banque qui a été décisive dans un système transnational d’évaporation systémique de ressources publiques pour des montants gigantesques », ont-ils estimé.
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