(*) Par François ONDO EDOU
Manifestement, le pouvoir Bongo PDG ne sait plus que faire pour empêcher la sanction que le peuple veut infliger à l'ancien parti unique le 26 août 2023. En l'espace de seulement 10 jours, le voilà qui change, une fois encore, les règles du jeu, alors que le match a déjà commencé.
La semaine dernière, le gouvernement et le parlement ont adopté à la hussarde une loi qui supprime les enveloppes accolées. L'affaire a fait grand bruit d'autant que la même loi n'admet plus au candidat la possibilité qu'il avait de désigner son représentant dans chaque bureau de vote. Et ce soir, sur le petit écran : surprise. Le président du CGE annonce que ce sera désormais le bulletin unique. A première vue, on pourrait saluer l'initiative.
Mais en écoutant bien son propos, on se rend compte que c'est une fraude subtile qui s'organise. Selon Stéphane Bonda, pour les 3 élections couplées du 26 août 2023, il n'y aura que 2 urnes. Celle destinée à recevoir l'expression de vote des gabonais sur le choix du président de la République et, curieusement celle sur le choix du député, parce que selon lui, il s'agit de 2 scrutins uninominaux.
Ainsi, pour cette "sommité gabonaise" en matière électorale un scrutin peut avaler l'autre sans conséquence aucune ? La Constitution est pourtant claire, il y a une élection pour désigner le président de la République, une élection pour désigner les députés à l'Assemblée nationale et une autre pour désigner les membres des conseils municipaux et départementaux. Le couplage des élections - nouvelle trouvaille de l'équipe à Bonda - n'enlève pas à chacune des élections sa spécificité. Cela veut dire que le CGE doit prévoir 3 urnes différentes, chacune réservée à une élection. Vouloir faire autrement signifie qu'il y a un objectif caché dans cette formule. Il n'est pas nécessaire de sortir de sciences po pour comprendre que cette réforme annoncée a été conçue pour empêcher la candidature consensuelle de l'opposition. Naturellement , le Premier ministre Billie By Nze réunira les médias dans les heures ou jours qui viennent pour dire que c'est l'opposition qui a demandé le bulletin de vote unique.
Usant de ruse et de malice comme à son habitude, il cherchera mille et une explications, les unes aussi tordues que les autres. Ce qu'il ne pourra jamais expliquer, c'est cette absorption des élections législatives par l'élection présidentielle. Comme on le voit, l'électeur qui vote son député est quasiment obligé de voter aussi Ali Bongo. C'est donc un vote impératif que le CGE tente d'imposer, mais la Constitution précise clairement que tout vote impératif est nul. Que le PM dise aux gabonais par des arguments juridiques précis et non par des arguties, comment et pourquoi il n'y aura que 2 urnes pour 3 élections ? Non, cette ficelle est trop grosse ! Les gabonais ne l'accepteront jamais !
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